Bal de l’Opéra de Paris
vers 1830.
BnF, bibliothèque-musée de l'Opéra, EST BAL DE L'OPERA DE PARIS
© Bibliothèque nationale de France
Au début de La Confession d'un enfant du siècle, le personnage principal, Octave, découvre l'infidélité de sa maîtresse. Fou de jalousie, il provoque le nouvel amant en duel. C'est Octave qui est blessé. Son ami Desgenais le veille et lui tient un discours pour le moins cynique, afin de le désabuser des femmes. « On vient, on la pare, on met une dentelle de Malines sur son lit ensanglanté ; on la soigne, on la guérit du mal de la maternité. Un mois après, la voilà aux Tuileries, au bal, à l’Opéra ; son enfant est à Chaillot, à Auxerre ; son mari au mauvais lieu. Dix jeunes gens lui parlent d’amour, de dévouement, de sympathie, d’éternel embrassement, de tout ce qu’elle a dans le cœur. Elle en prend un, l’attire sur sa poitrine ; il la déshonore, se retourne, et s’en va à la Bourse. Maintenant la voilà lancée ; elle pleure une nuit et trouve que les larmes lui rougissent les yeux. Elle prend un consolateur, de la perte duquel un autre la console ; ainsi jusqu’à trente ans et plus. C’est alors que, blasée et gangrenée, n’ayant plus rien d’humain, pas même le dégoût, elle rencontre un soir un bel adolescent aux cheveux noirs, à l’œil ardent, au cœur palpitant d’espérance ; elle reconnaît sa jeunesse, elle se souvient de ce qu’elle a souffert, et, lui rendant les leçons de sa vie, elle lui apprend à ne jamais aimer. Voilà la femme telle que nous l’avons faite ; voilà nos maîtresses. Mais quoi ! ce sont des femmes, et il y a avec elles de bons moments ! »

Musset, La Confession d'un enfant du siècle
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