Alfred de Musset (1810-1857), auteur, Paris, 1896.
Le sujet de
Lorenzaccio a été donné à Musset par George Sand, qui était alors son amante. Il s'est également appuyé sur l'
Histoire des révolutions de Florence sous les Médicis de Benedetto Varchi et divers autres ouvrages traitant de la Renaissance italienne. Musset s'inspire de ces éléments, sans prétendre à une reconstitution fidèle pour composer
Lorenzaccio.
Lorenzo joue au débauché, à l'être vil, au prix de son honneur. Auprès d'Alexandre de Médicis, qu'il souhaite assassiner, il se fait passer pour un pleutre et le subterfuge fonctionne. Quand Sire Maurice le provoque en duel, Lorenzo fait mine de s'évanouir.
Acte I, scène 4
« LE DUC, riant. Laissez faire, laissez faire. Allons, Renzo, je veux te servir de témoin ; qu’on lui donne une épée !
LORENZO. Monseigneur, que dites-vous là ?
LE DUC. Eh bien ! ta gaieté s’évanouit si vite ? Tu trembles, cousin ? Fi donc ! tu fais honte au nom des Médicis. Je ne suis qu’un bâtard, et je le porterais mieux que toi, qui es légitime ! Une épée, une épée ! un Médicis ne se laisse point provoquer ainsi. Pages, montez ici ; toute la cour le verra, et je voudrais que Florence entière y fût.
LORENZO. Son Altesse se rit de moi.
LE DUC. J’ai ri tout à l’heure, mais maintenant je rougis de honte. Une épée !
Il prend l’épée d’un page et la présente à Lorenzo.
[…]
LE DUC. Et vous ne voyez pas que je plaisante encore ! Qui diable pense ici à une affaire sérieuse ? Regardez Renzo, je vous en prie : ses genoux tremblent ; il serait devenu pâle, s’il pouvait le devenir. Quelle contenance, juste Dieu ! je crois qu’il va tomber.
Lorenzo chancelle ; il s’appuie sur la balustrade et glisse à terre tout d’un coup.
LE DUC, riant aux éclats. Quand je vous le disais ! personne ne le sait mieux que moi ; la seule vue d’une épée le fait trouver mal. Allons ! chère Lorenzetta, fais-toi emporter chez ta mère. »
Alfred de Musset,
Lorenzaccio
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