Victor Hugo (1802-1885), auteur ; Gustave Brion, (1824-1877), illustrateur ; Jules Hetzel et A. Lacroix, éditeurs, Paris.
1 vol. (798 p.) : fig. ; gr. in-8
À intervalles réguliers dans
Les Misérables, Victor Hugo intervient pour faire le point, comme dans ce chapitre très remanié pendant l’exil. Son titre tragique, « Le Christ nous a libérés » en latin, est emprunté à l’épître de saint Paul aux Galates (V, 1).
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ? C’est la société achetant une esclave.
À qui ? À la misère.
À la faim, au froid, à l’isolement, à l’abandon, au dénuement. Marché douloureux. Une âme pour un morceau de pain. La misère offre, la société accepte.
La sainte loi de Jésus-Christ gouverne notre civilisation, mais elle ne la pénètre pas encore. On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s’appelle prostitution.
Il pèse sur la femme, c’est-à-dire sur la grâce, sur la faiblesse, sur la beauté, sur la maternité. Ceci n’est pas une des moindres hontes de l’homme.
Au point de ce douloureux drame où nous sommes arrivés, il ne reste plus rien à Fantine de ce qu’elle a été autrefois. Elle est devenue marbre en devenant boue. »
Victor Hugo,
Les Misérables, I, V, 11.
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