Jean-Victor Adam (1801-1867), lithographe, Paris, 1842.
Lors du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, Victor Hugo prend la tête de l’opposition et entre dans la clandestinité. Il restera en exil jusqu'en 1870. Son pamphlet
Napoléon le Petit est publié à Bruxelles le 5 août 1852. Dès décembre, la Belgique fait passer la loi dite Faider, poursuivant « quiconque se serait rendu coupable d’offenses envers la personne des souverains étrangers ». Le poème d'Hugo « À propos de la loi Faider » fait du lion belge soi-disant autonome un petit caniche à la solde du nouvel empire.
« Ce qu’on appelle Charte ou Constitution,
C’est un antre qu’un peuple en révolution
Creuse dans le granit, abri sûr et fidèle.
Joyeux, le peuple enferme en cette citadelle
Ses conquêtes, ses droits, payés de tant d’efforts,
Ses progrès, son honneur ; pour garder ces trésors,
Il installe en la haute et superbe tanière
La fauve liberté, secouant sa crinière.
L’œuvre faite, il s’apaise, il reprend ses travaux,
Il retourne à son champ, fier de ses droits nouveaux,
Et tranquille, il s’endort sur des dates célèbres,
Sans songer aux larrons rôdant dans les ténèbres.
Un beau matin, le peuple en s’éveillant va voir
Sa Constitution, temple de son pouvoir ;
Hélas ! de l’antre auguste on a fait une niche.
Il y mit un lion, il y trouve un caniche. »
10 décembre. Jersey.
Victor Hugo,
Châtiments, « À propos de la loi Faider ».
> Texte intégral dans Gallica : Paris, Hachette, 1932.