Burg « Des-Cris-la-Nuit »
Dessins de paysages et monuments
Victor Hugo (1802-1885), dessinateur, vers 1856.
Encre brune et lavis, fusain et gouache, sur papier à dessin, collé sur un feuillet d'album (270 x 140 mm)
BnF, département des Manuscrits, NAF 13349, fol. 2
© Bibliothèque nationale de France
Victor Hugo est passé à Durkheim le 27 octobre 1840 et note : « À Durkheim […] ascension aux ruines de l'abbaye de Limbourg, à la nuit tombante. Fondée en 1030 par l'empereur Conrad II et l'impératrice Gisèle sur l'emplacement de leur château où leur fils Conrad s'était tué par accident. Dévastée en 1504 par [Enrich] VIII, comte de Linange-Dabo. Brûlée. – Le tombeau du jeune Conrad est dans ces décombres on dit que son ombre y revient. Je n'ai rien vu. » (Voyages, « Bouquins » p. 908)

Hauteville House passait aussi pour une maison hantée, et était inhabitée depuis quatre ans lorsque Victor Hugo jeta son dévolu sur elle. Les messages, coups, frappements, déplacements vont continuer à hanter la demeure à la grande terreur du personnel. Quant au poète, il consigne tous ces évènements dans ses agendas guernesiais, comme il avait noté les comptes rendus des séances de spiritisme à Jersey.

« Eh bien, cette vue directe sur l'âme de Victor Hugo, sans rhétorique, paraphrase ou traduction, ce qui nous la donne le mieux, le premier paysage qui nous attendrait si nous pouvions passer de l'autre côté de ces yeux sans espérance, ce sont les tragiques dessins que nous avons tous regardés, cette chimie maléfique du noir avec le blanc, ces sites submergés où une lumière livide et informe ne transvase que pour faire apparaître un bric-à-brac hétéroclite et confus d'objets désaffectés, un passé irrémédiable, des ruines échappant à l'opacité d'un monde maudit et que hantent les monstres et les goules. On peut dire sans exagération que le sentiment le plus habituel à Victor Hugo, celui où il a trouvé ses inspirations les plus pathétiques, celui auquel il n'a jamais recours en vain et qui lui fournit un répertoire inépuisable de formes et de mouvements, sa chambre intérieure de torture et de création, c'est l'épouvante, une espèce de contemplation panique. »
Paul Claudel
 
 

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