Alphonse de Lamartine (1790-1869), auteur, Paris, Ed. Perrotin, Furne, 1849.
354 p. ; in-8
Dans
Raphaël, roman autobiographique publié en 1849, Lamartine évoque son amour de jeunesse, qui a déjà inspiré plusieurs poèmes de son premier recueil (
Méditations poétiques, 1820). À l'été 1817, Lamartine attend en vain que son amante, qu’il a rencontrée l’été précédent, le rejoigne à Aix-les-Bains. Il s’agit de M
me Julie Charles, née Bouchaud des Hérettes, une femme mariée, épouse du physicien et aéronaute Jacques Charles. Elle décède quelques mois plus tard, en décembre 1817. Dans les
Méditations, Lamartine l’appelle Elvire, mais dans
Raphaël, il donne au personnage féminin son prénom, Julie, favorisant la confusion entre vérité et fiction. Comme dans les
Méditations, la puissance d’évocation du récit est intimement liée au cadre naturel.
« Le printemps, qui rendait la limpidité au ciel et la sève aux plantes, rendait aussi une jeunesse plus palpitante et plus pleine au cœur de Julie. Les teintes de ses joues étaient plus vives, les rayons de ses yeux plus bleus et plus pénétrants. Sa parole avait plus d'émotion dans l'accent ; sa langueur avait plus de soupirs ; sa démarche, plus d'élans et d'enfance dans les attitudes. Une fièvre de vie l'agitait jusque dans l'immobilité de sa chambre. Cette douce fièvre pressait les paroles sur ses lèvres elle donnait des inquiétudes à ses pieds sur le parquet. Le soir Julie laissait ses rideaux ouverts, elle allait à chaque instant s'accouder à sa fenêtre pour aspirer la fraîcheur de l'eau, les rayons de la lune, les bouffées d'air végétal qui, en suivant la vallée de Meudon, arrivaient attiédies jusque dans les appartements du quai. »
Alphonse de Lamartine,
Raphaël, CXXI, 1849
> Texte intégral dans Gallica : Paris, 1863