Pétrus Borel (1809-1859), auteur ; Jean Gigoux (1806-1894), graveur ; Renduel, éditeur, Paris, 1833.
438 p. : fig. au titre ; in-8
Les
Contes immoraux (en référence aux
Contes moraux de Marmontel), parus en 1833, sont un recueil de sept contes cruels. Ces histoires démontrent que la violence et la cruauté engendrées par les passions humaines restent inchangées quel que soit le temps ou le lieu. Malgré tout, ces histoires sont empreintes d’humour noir et de burlesque.
« Depuis quelques années, le suicide, inoculé à nos mœurs, est devenu d'un usage général […] Comme le duel le suicide est indécrottable, au lieu de le laisser aller en pure perte, il serait plus habile, ce me semble, d'en faire une vache-à-lait, et d'en traire un revenu très butireux.
Voici donc, en deux mots, ce que je propose. Le gouvernement ferait établir à Paris et dans chaque chef-lieu des départements, une vaste usine ou machine, mue par l'eau ou la vapeur, pour tuer, avec un doux et agréable procédé, à l'instar de la guillotine, les gens las de la vie qui veulent se suicider. Le corps et la tête tombant dans un panier sans fond et aussitôt emportés par le courant du fleuve, éviteraient des frais de tombereaux et de fossoyeurs.
Dans les pays secs, on pourrait adapter l'appareil à un moulin à vent. La machine serait surveillée et manœuvrée par le bourreau de l'endroit qui y habiterait, comme un curé son presbytère, sans augmentations d'émoluments. »
Pétrus Borel,
Champavert : contes immoraux, 1833.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Renduel, 1833