Eugène Sue (1804-1857), auteur ; Charles Gosselin, éditeur, Paris, 1843-1844.
4 vol. : ill., pl., portr. ; in-4
BnF, département de Philosophie, Histoire, et Sciences de l'homme, 4-Z LE SENNE-1242 (1)
Rodolphe découvre le Carreau du Temple, grand bazar au cœur de Paris, au bras de Rigolette, une jeune ouvrière qui loge dans la même pension que lui. Elle est surnommée ainsi car elle a toujours le rire aux lèvres.
« Afin que les marchandises ne tiennent pas trop de place dans un magasin ordinairement grand comme une énorme boîte, on plie bien proprement ces chapeaux en deux, après quoi on les aplatit et on les empile excessivement serrés ; sauf la saumure, c’est absolument le même procédé que pour la conservation des harengs ; aussi ne peut-on se figurer combien, grâce à ce mode d’arrimage, il tient de ces choses dans un espace de quatre pieds carrés.
L’acheteur se présente-t-il, on soustrait ces chiffons à la haute pression qu’ils subissent, la marchande donne, d’un air dégagé, un petit coup de poing dans le fond de la forme pour la relever, défripe la passe sur son genou, et vous avez sous les yeux un objet bizarre, fantastique, qui rappelle confusément à votre souvenir ces coiffures fabuleuses, particulièrement dévolues aux ouvreuses de loges, aux tantes de figurantes ou aux duègnes des théâtres de province. […]
Ces exhibitions de vieilles chaussures, de vieux chapeaux et de vieux habits ridicules sont le côté grotesque de ce bazar ; c’est le quartier des guenilles prétentieusement parées et déguisées ; mais on doit avouer, ou plutôt on doit proclamer que ce vaste établissement est d’une haute utilité pour les classes pauvres ou peu aisées. Là elles achètent, à un rabais excessif, d’excellentes choses presque neuves, dont la dépréciation est pour ainsi dire imaginaire. »
Eugène Sue,
Les Mystères de Paris, 1842-1843.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Gosselin, 1842-1843