Le quartier du Doyenné
La place du Carrousel en 1849, au fond, le Louvre
A.-P. Martial (1828-1883), illustrateur et graveur ; Potémont, éditeur, Paris, 1863.
1 estampe : eau-forte ; 14,2 x 20,8 cm (élt d'impr.)
BnF, département des Estampes et de la Photographie, PET FOL-VE-59 (A,2)
© Bibliothèque nationale de France
Dans les années 1830 commence un premier mode de vie « bohème » dans le quartier du Doyenné, autour du peintre Camille Rougier et de Gérard Labrunie (Nerval), bientôt rejoints par Arsène Houssaye et Théophile Gautier. C’est un moment de grande liberté créative et de fraternité entre les écrivains et les peintres. Ce quartier qui se trouve à l’intérieur du Louvre, place du Carrousel, sera rasé en 1850.
En 1853, Nerval évoque cette époque dans son ouvrage les Petits Châteaux de Bohème. Rétrospectivement, il reconsidère ce moment comme précurseur dans l’histoire de la bohème littéraire lorsqu’il publie en 1855 son livre La Bohème galante.

« Premier château : La rue du Doyenné.
C'était dans notre logement commun de la rue du Doyenné, que nous nous étions reconnus frères – Arcades ambo – dans un coin du vieux Louvre des Médicis – bien près de l’endroit où exista l’ancien hôtel de Rambouillet. Le vieux salon du doyen, aux quatre portes à deux battant , au plafond historié de rocailles et de guivres – restauré par les soins de tant de peintres, nos amis, qui sont depuis devenus célèbres, retentissait de nos rimes galantes, traversées souvent par les rires joyeux ou les folles chansons des Cydalises. Le bon Rogier souriait dans sa barbe, du haut d'une échelle, où il peignait sur un des trois dessus de glace un Neptune – qui lui ressemblait ! Puis, les deux battants d'une porte s'ouvraient avec fracas : c'était Théophile. On s'empressait de lui offrir un fauteuil Loui XIII, et il lisait, à son tour, ses premiers vers, – pendant que Cydalise Ire, ou Lorry, ou Victorine, se balançaient nonchalamment dans le hamac de Sarah la blonde, tendu à travers l'immense salon. […] Nous étions jeunes, toujours gais, souvent riches... Mais je viens de faire vibrer la corde sombre : notre palais est rasé. »

Gérard de Nerval, Petits Châteaux de Bohème, 1853.
>Texte intégral dans Gallica
 
 

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