La Rue de la Vieille Lanterne
dit aussi Allégorie sur la mort de Gérard de Nerval
Gustave Doré (1832-1883), dessinateur, Paris, 1855.
Lithographie au crayon sur Chine collé, 59,4 × 45 cm (image)
BnF, département des Estampes et de la Photographie, DC-298 (T)-FOL
© Bibliothèque nationale de France
Doré évoque le fin tragique du poète qu’il rencontrait chez Théophile Gautier et qui s’est pendu au petit matin, le 26 janvier 1855, aux barreaux du soupirail de la boutique d’un serrurier. La sinistre ruelle, située près du Chatelet, disparue peu de temps après, a fait converger les hommes de lettre venus en pèlerinage et a suscité de nombreuses représentations artistiques. L'estampe de Doré est résolument fantastique. Elle associe à la représentation morbide et réaliste du pendu, la figuration allégorique de l’ascension de son âme entraînée par la mort vers un paradis très féminin, relayée par la transcription, en bas à droite de la composition, du dernier quatrain des Cydalises du poète : « L’éternité profonde/ Souriait dans ses yeux…/ Flambeaux éteints du monde/ Rallumez-vous aux cieux. » L’oscillation entre deux pôles, l’un réaliste et l’autre visionnaire, qui caractérise l’art de Doré, s’exprime ici magistralement.
L'enterrement de Nerval, payé par la Société des gens de lettres, fut l’occasion d’un important cortège.