Proclamation de la Constitution de 1848, caricature
La France vient de mettre au monde une constitution, les douleurs de l'enfantement ont durées, etc.
L. Bosredon, illustrateur, Paris, 1848.
1 estampe : lithographie de M. ; 22,6 x 16,9 cm
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE QB-370 (121)-FT4, Est19Vinck
© Bibliothèque nationale de France
« Neuvième et nouvelle édition revue, corrigée, augmentée, embellie, retapée et remise à neuf, sur celles de 1791, 93, 95, 99, 1814, 1830 etc. et plusieurs autres, dans les goûts les plus nouveaux et les plus à la mode. »

Le 4 février 1848, Alexandre Dumas lance son premier journal périodique, Le Mois, qui témoigne des événements politiques. Le 24 février, après trois jours d’émeutes, la Deuxième république est proclamée. Le 20 mai, Dumas crée La France Nouvelle, journal politique et littéraire, qui se fait l’écho des débats qui ont lieu à l’assemblée constituante mais aussi au-dehors. Dumas, candidat malheureux à la députation, prend parti, comme dans cet article, « La constitution et le pouvoir », publié à la une du 21 juin.

« Une Constitution est inutile.
En effet, dans l’état actuel des choses, à quoi bon une Constitution, un pacte social, une charte.
C’est, dans le sens politique, le recueil des règles qui doivent dominer la législation générale du pays ; c’est une collection d’axiomes, acceptés comme suprêmes, reconnus comme incontestables, qui règlent les droits des gouvernants et des gouvernés, des individus et des masses, du roi et du peuple.
Ces règles une fois posées, ces axiomes une fois publiés, on doit les respecter et les subir quand même.
La Constitution devient ainsi, et du moment où est parachevée, une arche sainte, intangible, immuable, et qui ne peut être modifiée que par l’emploi de formes extraordinaires, de moyens solennels.
Car si le peuple augmente ses droits, il restreint le pouvoir royal.
Car si le roi augmente son pouvoir, il restreint les droits du peuple.
Une Constitution, c’est pour ainsi dire un arpentage politique qui, au moyen de limites tracée par les législateurs, et reconnues à la fois par le roi et par le peuple, force chacun à se tenir sur ses terres et de ne point empiéter sur celle de son voisin.
Mais si l’omnipotence réside dans la nation ; si le peuple est souverain ; s’il ne relève d’aucun pouvoir en lutte avec le sien ; si sa volonté est la loi, à quoi bon un contrat ? vis-à-vis de qui s’obligera-t-il à respecter certaines règles, à éterniser certaines formes ? […]
Or le peuple aujourd’hui, c’est l’océan, l’océan déborde couvrant toutes les sommités sociales, roulant d’un pôle à l’autre sans entraves et sans empêchements. Si vous lui faites une Constitution, vous ne la ferez que dans le cas de la restriction de ses droits. »

>Texte intégral : édition des journaux d’Alexandre Dumas, CNRS / ENS-Lyon
 
 

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