La révolution de 1848
Combat au poste du château d'eau. Place du Palais-Royal, le 24 février 1848
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE QB-370 (106)-FT4
© Bibliothèque nationale de France
En février 1848, une nouvelle révolution renverse Louis-Philippe pour laisser la place à la Deuxième République. Le Palais-Royal est pillé et incendié, les tableaux et les meubles détruits.

Frédéric Moreau, le personnage principal de L'Éducation sentimentale de Flaubert, passe sa première nuit avec Rosanette quand éclate la révolution de 1848. Au petit matin, réveillé par des coups de feu, il sort et se rend au Palais-Royal. Tout au long du roman, Flaubert tisse l'histoire fictive et intime avec l'histoire politique.
« Tout à coup la Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe. C'était le peuple. Il se précipita dans l'escalier, en secouant à flots vertigineux des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules, si impétueusement, que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait toujours, comme un fleuve refoulé par une marée d'équinoxe, avec un long mugissement, sous une impulsion irrésistible. En haut, elle se répandit, et le chant tomba.
On n'entendait plus que les piétinements de tous les souliers, avec le clapotement des voix. La foule inoffensive se contentait de regarder. Mais, de temps à autre, un coude trop à l'étroit enfonçait une vitre ; ou bien un vase, une statuette déroulait d'une console, par terre. Les boiseries pressées craquaient. Tous les visages étaient rouges, la sueur en coulait à larges gouttes ; Hussonnet fit cette remarque :
— Les héros ne sentent pas bon !
— Ah ! vous êtes agaçant, reprit Frédéric.
Et poussés malgré eux, ils entrèrent dans un appartement où s'étendait, au plafond, un dais de velours rouge. Sur le trône, en dessous, était assis un prolétaire à barbe noire, la chemise entrouverte, l'air hilare et stupide comme un magot. D'autres gravissaient l'estrade pour s'asseoir à sa place. »

Flaubert, L'Éducation sentimentale, III, 1, 1869.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Charpentier, 1880
 
 

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