Ammonaria
Lithographie pour La Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert
Odilon Redon (1840-1916), graveur, Paris, 1889.
Estampe : lithographie, sur Chine appliqué ; 29 x 23,2 cm (le motif) ; 53,3 x 35 cm (la feuille)
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE DC- 354 (6) -BOITE FOL
© Bibliothèque nationale de France
Le peintre Odilon Redon (1840-1916) est connu comme « le peintre littéraire ». Il refuse le titre d'illustrateur, et se considère comme un interprète des œuvres littéraires. Les lithographies inspirées par La Tentation de saint Antoine de Flaubert appartiennent à ses « Noirs », composés au fusain, à l'encre et au crayon. Il consacre à la Tentation trois séries, en 1888, 1889 et 1896.
La Tentation de saint Antoine est un texte à part dans l'œuvre de Flaubert. Ce poème en prose mêle réalisme et fantastique en un « capharnaüm » de rêves, de rites et d'hallucinations. Il est publié en 1874. La première ébauche, inspirée par un tableau de Brueghel l'Ancien, a été écrite trente ans auparavant.

« Antoine : Où est-elle maintenant, Ammonaria ? Peut-être qu'au fond d'une étuve elle retire ses vêtements l'un après l'autre, d'abord le manteau, puis la ceinture, la première tunique, la seconde plus légère, tous ses colliers ; et la vapeur du cinnamome enveloppe ses membres nus. Elle se couche enfin sur la tiède mosaïque. Sa chevelure à l'entour de ses hanches fait comme une toison noire, - et suffoquant un peu dans l'atmosphère trop chaude, elle respire, la taille cambrée, les deux seins en avant. Tiens ! ... voilà ma chair qui se révolte ! Au milieu du chagrin la concupiscence me torture. Deux supplices à la fois, c'est trop ! Je ne peux plus endurer ma personne ! »

Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine, VII.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Charpentier, 1890
 
 

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