Atelier de Carthage. Monnaie grecque, Afrique, Zeugitane, Carthage, triple statère
Antiquité orientale.
Grâce aux registres de la Bibliothèque nationale de France, on sait que Flaubert s'est rendu deux fois au cabinet des monnaies et médailles, en 1857 et en 1860. Il a demandé à voir des poteries assyriennes, des monnaies carthaginoises et une monnaie romaine du III
e siècle av. J. C. On retrouve leur description dans le passage consacré au trésor d'Hamilcar dans
Salammbô.
Tanit, déesse de la fertilité et patronne de Carthage, est un personnage clé du roman de Flaubert. Son attribut principal est un voile richement brodé, le zaïmph, qui est soustrait aux regards dans un temple. Secrètement, Salammbô sort de Carthage pour aller récupérer le zaïmph volé par Mâtho, chef des mercenaires. C'est grâce au retour du voile dans son enceinte que Carthage finit par les vaincre. La principale source de Flaubert à propos de Tanit est l'ouvrage,
La Déesse Syrienne, de Lucien de Samosate, auteur grec du II
e siècle né en Syrie.
« Alors ils pénétrèrent dans une petite salle toute ronde, et si élevée qu’elle ressemblait à l’intérieur d’une colonne. Il y avait au milieu une grosse pierre noire à demi sphérique, comme un tambourin ; des flammes brûlaient dessus ; un cône d’ébène se dressait par-derrière, portant une tête et deux bras.
Mais au-delà on aurait dit un nuage où étincelaient des étoiles : des figures apparaissaient dans les profondeurs de ses plis : Eschmoûn avec les Kabires, quelques-uns des monstres déjà vus, les bêtes sacrées des Babyloniens, puis d’autres qu’ils ne connaissaient pas. Cela passait comme un manteau sous le visage de l’idole, et remontant étalé sur le mur, s’accrochait par les angles, tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l’aurore, pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger. C’était là le manteau de la Déesse, le zaïmph saint que l’on ne pouvait voir.
Ils pâlirent l’un et l’autre.
– Prends-le ! dit enfin Mâtho.
Spendius n’hésita pas ; et, s’appuyant sur l’idole, il décrocha le voile, qui s’affaissa par terre. Mâtho posa la main dessus ; puis il entra sa tête par l’ouverture, puis il s’en enveloppa le corps, et il écartait les bras pour le mieux contempler. »
Gustave Flaubert,
Salammbô, chapitre V, 1862.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Charpentier, 1879