Kiosques lumineux
Nouveaux bureaux pour la vente des journaux
J. Gaildrau, graveur, 1859.
BnF, département des Estampes et de la Photographie, MD MAT-3-BOITE PET FOL
© Bibliothèque nationale de France
En 1875, Maupassant commence sa carrière de chroniqueur pour La République des lettres et, grâce à l’entremise de Flaubert, pour La Nation. En 1880, suite au succès de sa nouvelle Boule de Suif, Le Gaulois l’engage comme chroniqueur régulier ; ce qui n’empêche pas Maupassant de publier d’autres articles dans Gil Blas et Le Figaro. Il publiera plus de 250 chroniques à propos de la littérature, des salons de peinture, des mœurs de son temps, de l’actualité politique et même de l’Algérie, devenue une colonie française, et où il se rend pour faire état d’une série de heurts. Maupassant exprime ses opinions de manière tranchées. Les journaux accueillent également ses contes et nouvelles.
Maupassant campe le héros de Bel-Ami (1885), Georges Duroy, dans le cadre de ses activités quotidiennes de rédacteur à La Vie française, journal fictif. Lors de la parution, ses contemporains lui ont reproché une peinture au vitriol du monde de la presse, ce dont Maupassant se défend dans un droit de réponse :

« J'ai voulu simplement raconter la vie d'un aventurier pareil à tous ceux que nous coudoyons chaque jour dans Paris, et qu'on rencontre dans toutes les professions existantes.
Est-il, en réalité, journaliste ? Non. Je le prends au moment où il va se faire écuyer dans un manège. Ce n'est donc pas la vocation qui l'a poussé. J'ai soin de dire qu'il ne sait rien, qu'il est simplement affamé d'argent et privé de conscience. Je montre dès les premières lignes qu'on a devant soi une graine de gredin, qui va pousser dans le terrain où elle tombera. Ce terrain est un journal. Pourquoi ce choix, dira-t-on ?
Pourquoi ? Parce que ce milieu m'était plus favorable que tout autre pour montrer nettement les étapes de mon personnage ; et aussi parce que le journal mène à tout comme on l'a souvent répété. […] Il n'a aucun talent. C'est par les femmes seules qu'il arrive. […]
Mais j'arrive à un autre reproche. On semble croire que j'ai voulu dans le journal que j'ai inventé, la Vie française, faire la critique ou plutôt le procès de toute la presse parisienne. Si j'avais choisi pour cadre un grand journal, un vrai journal, ceux qui se fâchent auraient absolument raison contre moi ; mais j'ai eu soin, au contraire, de prendre une de ces feuilles interlopes, sorte d'agence d'une bande de tripoteurs politiques et d'écumeurs de bourses, comme il en existe quelques-uns, malheureusement. »
 
 

> partager
 
 

 
 

 
> copier l'aperçu
 
 
> commander