Le souper dans le cabinet particulier
Bel-ami
Guy de Maupassant (1850-1893), auteur ; Ferdinand Bac, illustrateur ; G. Lemoine, graveur, Paris, 1901.
Edition Ollendorff
BnF, Arts du spectacle, 8-RF-66157
© Bibliothèque nationale de France
Georges Duroy, apprenti journaliste, dîne avec son patron Forestier, sa femme Madeleine et leur amie commune Clotilde de Marelle dans un cabinet particulier. Là, les couples se font et se défont grâce au charme de Bel-Ami.

« Les huîtres d’Ostende furent apportées, mignonnes et grasses, semblables à de petites oreilles enfermées en des coquilles, et fondant entre le palais et la langue ainsi que des bonbons salés.
Puis, après le potage, on servit une truite rose comme de la chair de jeune fille ; et les convives commencèrent à causer.
On parla d’abord d’un cancan qui courait les rues, l’histoire d’une femme du monde surprise, par un ami de son mari, soupant avec un prince étranger en cabinet particulier.
Forestier riait beaucoup de l’aventure ; les deux femmes déclaraient que le bavard indiscret n’était qu’un goujat et qu’un lâche. Duroy fut de leur avis et proclama bien haut qu’un homme a le devoir d’apporter en ces sortes d’affaires, qu’il soit acteur, confident ou simple témoin, un silence de tombeau. Il ajouta : "Comme la vie serait pleine de choses charmantes si nous pouvions compter sur la discrétion absolue les uns des autres. Ce qui arrête souvent, bien souvent, presque toujours les femmes, c’est la peur du secret dévoilé."
Puis il ajouta, souriant : "Voyons, n’est-ce pas vrai ? Combien y en a-t-il qui s’abandonneraient à un rapide désir, au caprice brusque et violent d’une heure, à une fantaisie d’amour, si elles ne craignaient de payer par un scandale irrémédiable et par des larmes douloureuses un court et léger bonheur !" »
 
 

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