J'ai fait de la contrebande.....
La pocharde
Le sacrifice de Germinie pour Jupillon
Mlle de Varandeuil au cimetière
Mademoiselle de Varandeuil
Germinie en robe de bal
Germinie Lacerteux, croquis de scène
Edmond de Goncourt (1822-1896), auteur ; Jules de Goncourt (1830-1870), auteur ; Théophile Thomas (1846?-1916), peintre, 1903.
BnF, département des Arts du spectacle, FOL-O ICO-410 (1)
© Bibliothèque nationale de France
Germinie Lacerteux (1865) des frères Goncourt retrace l’histoire de Germinie employée à Paris comme domestique par l’aimable Mlle de Varandeuil. Elle se révélera être névrosée et hystérique, alcoolique, voleuse et débauchée, mais consciente de ses fautes. Dans la préface, Edmond de Goncourt rappelle qu’ils ont voulu faire entrer les « basses classes » dans le roman.
Au chapitre V se trouve le premier portrait physique, extrêmement détaillé, de Germinie, femme ordinaire et « laide ».

« – Voilà, mademoiselle! Regardez-moi, dit Germinie.
C'était à quelques mois de là. Elle avait demandé à sa maîtresse la permission d'aller ce soir-là au bal de noce de la sœur de son épicier qui l'avait prise pour demoiselle d'honneur, et elle venait se faire voir en grande toilette, dans sa robe de mousseline décolletée.
Mademoiselle leva la tête du vieux volume, imprimé gros, où elle lisait, ôta ses lunettes, les mit dans le livre pour marquer la page […]
– Que diable ! dit-elle au bout de quelques instants d'attention muette, comment, c'est toi ? Je n'ai donc jamais mis mes yeux pour te regarder. Bon Dieu, oui ! Ah ! mais Ah ! mais. Elle mâchonna encore quelques vagues exclamations entre ses dents. Où diantre as-tu pris ce museau de chatte amoureuse ? fit-elle à la fin, et elle se mit à la regarder.
Germinie était laide. Ses cheveux, d'un châtain foncé et qui paraissaient noirs, frisottaient et se tortillaient en ondes revêches, en petites mèches dures et rebelles, échappées et soulevées sur sa tête malgré la pommade de ses bandeaux lissés. Son front petit, poli, bombé, s'avançait de l'ombre d'orbites profondes où s'enfonçaient et se cavaient presque maladivement ses yeux, de petits yeux éveillés, scintillants, rapetissés et ravivés par un clignement de petite fille qui mouillait et allumait leur rire. Ces yeux, on ne les voyait ni bruns ni bleus ils étaient d'un gris indéfinissable et changeant, d'un gris qui n'était pas une couleur, mais une lumière. L'émotion y passait dans le feu de la fièvre, le plaisir dans l'éclair d'une sorte d'ivresse, la passion dans une phosphorescence. [..] De cette femme laide, s'échappait une âpre et mystérieuse séduction. »
 
 

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