La Faustin
Edmond de Goncourt (1822-1896), auteur ; Paul Thiriat, illustrateur ; Calmann-Lévy, éditeur, Paris, 1912.
BnF, département de Littérature et art, 8-Y2-56488 (60)
© Bibliothèque nationale de France
La Faustin est le portrait d’une actrice. Sans renier l’ambition d’écrire un « roman vrai » (préface de Germinie Lacerteux), Edmond de Goncourt nimbe l’histoire d’un « clair-obscur littéraire » (préface de La Faustin), propice à une ambiance plus propre au genre fantastique.

« Pourquoi, à l'heure actuelle, un romancier (qui n'est au fond qu'un historien des gens qui n'ont pas d'histoire), pourquoi ne se servirait-il pas de cette méthode, en ne recourant plus à d'incomplets fragments de lettres et de journaux, mais en s'adressant à des souvenirs vivants, peut-être tout prêts à venir à lui ? Je m'explique : je veux faire un roman qui sera simplement une étude psychologique et physiologique de jeune fille, grandie et élevée dans la serre chaude d'une capitale, un roman bâti sur des documents humains. Eh bien, au moment de me mettre à ce travail, je trouve que les livres écrits sur les femmes par les hommes, manquent, manquent.... de la collaboration féminine, — et je serais désireux de l'avoir cette collaboration, et non pas d'une seule femme, mais d'un très grand nombre. Oui, j'aurais l'ambition de composer mon roman avec un rien de l'aide et de la confiance des femmes, qui me font l'honneur de me lire. D'aventures, il est bien entendu que je n'en ai nul besoin ; mais les impressions de petite fille et de toute petite fille, mais des détails sur l'éveil simultané de l'intelligence et de la coquetterie, mais des confidences sur l'être nouveau créé chez l'adolescente par la première communion, mais des aveux sur les perversions de la musique, mais des épanchements sur les sensations d'une jeune fille, les premières fois qu'elle va dans le monde, mais des analyses d'un sentiment dans de l'amour qui s'ignore, mais le dévoilement d'émotions délicates et de pudeurs raffinées, enfin, toute l'inconnue féminité du tréfonds de la femme, que les maris et même les amants passent leur vie à ignorer..., voilà ce que je demande. »
 
 

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