La Femme supérieure
I. Entre deux femmes
Honoré de Balzac (1799-1850), 1837.
Manuscrit autographe et épreuves corrigées
BnF, département des Manuscrits, N. a. fr. 6899, f. 190
© Bibliothèque nationale de France
« Imaginez quatre ou cinq cents arabesques de ce genre, s’enlaçant, se nouant, grimpant et glissant d’une marge à l’autre, et du sud au septentrion. Imaginez douze cartes de géographie enchevêtrant à la fois villes, fleuves et montagnes. Un écheveau brouillé par un chat, tous les hiéroglyphes de la dynastie de Pharaon, ou les feux d’artifice de vingt réjouissances.
À cette vue, l’imprimerie se réjouit peu. Les compositeurs se frappent la poitrine, les presses gémissent, les protes s’arrachent les cheveux, les apprentis perdent la tête. Les plus intelligents abordent les épreuves et reconnaissent du persan, d’autres l’écriture madécasse, quelques-uns les caractères symboliques de Whisnou. On travaille à tout hasard et à la grâce de Dieu.
Le lendemain, M. de Balzac renvoie deux feuilles de pur chinois. Le délai n’est plus que de quinze jours. Un prote généreux offre de se brûler la cervelle.
Deux nouvelles feuilles arrivent très-lisiblement écrites en siamois. Deux ouvriers y perdent la vue et le peu de langue qu’ils savaient.
Les épreuves sont ainsi renvoyées sept fois de suite. On commence à reconnaître quelques symptômes d’excellent français ; on signale même quelques liaisons dans les phrases. »

(Édouard Ourliac, in Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, par M. de Balzac, Boulé, 1838, t. II.)
 
 

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