Gravure d’après un dessin de Marchais, imprimé chez Auguste Bry (Paris), vers 1848.
Dans
Mon cœur mis à nu, dont les notes préparatoires furent écrites par Baudelaire entre 1859 et 1865, l’auteur évoque ses souvenirs de la révolution de 1848.
Transcription :
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MON CŒUR MIS A NU
Mon ivresse en 1848.
De quelle nature était cette ivresse ?
Goût de la vengeance. Plaisir
naturel de la démolition.
Ivresse littéraire ; souvenir des lectures.
Le 15 Mai. – Toujours le goût de la destruction. Goût légitime, si tout ce qui est naturel est légitime.
Les horreurs de Juin. Folie du peuple et folie de la bourgeoisie. Amour naturel du crime.
Ma fureur au coup d’État. Combien j’ai essuyé de coups de fusil ! Encore un Bonaparte ! Quelle honte !
Et cependant tout s’est pacifié. Le Président n’a-t-il pas un droit à invoquer ?
Ce qu’est l’Empereur Napoléon III. Ce qu’il vaut.
Trouver l’explication de sa nature, et sa providentialité.
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Mon cœur mis à nu
Être un homme utile m’a paru toujours quelque chose de bien hideux.
1848 ne fut amusant que parce que chacun y faisait des utopies comme des châteaux en Espagne.
1848 ne fut charmant que par l’excès même du ridicule.
Robespierre n’est estimable que parce qu’il a fait quelques belles phrases.
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La Révolution, par le sacrifice, confirme la superstition.