Nouvelles à la main
Louis Antoine de Gontaut Biron (1701-1788 ; duc de), Claude-Guillaume Lambert (1726-1794), auteurs de lettres, 1752-1816.
BnF, département des Manuscrits, NAF 28498, fol. 2 et 2v°
© Bibliothèque nationale de France
Dans son appartement au cœur du couvent de Saint-Thomas, Mme Doublet, veuve d’un intendant de commerce, réunit des littérateurs, des savants, des chroniqueurs et des académiciens. Ensemble, ils établissent sur deux registres les « nouvelles vraies » et les « nouvelles douteuses ». Ces listes d’informations collectées sont colportées chaque jour sous le titre de « Nouvelles à la main ». En échappant à toute censure royale, ce cénacle se fait l’écho de faits divers, alimentant le Tout-Paris en informations anecdotiques, souvent inédites et parfois fantaisistes. L’endroit, connu sous le nom de « Paroisse », est presque un laboratoire de journalisme. Les femmes y sont nombreuses et participent activement à cette « gazette ». Mais les hommes ne sont pas en reste et sortent même de la bienséance jusqu’à être fustigés sur le Pont-Neuf, voire exilés, comme l’abbé Prévost. Proche de Mme Doublet, Bachaumont est le principal rédacteur de ce salon. Désigné comme l’auteur des célèbres Mémoires secrets, il fait plusieurs séjours à la Bastille. Mme Doublet elle-même est menacée d’enfermement. Grimm évoque la Paroisse comme le lieu de toutes les rumeurs : « C’est de ce coin que partirent tous les bruits dont les affairés et les friands de bruits s’étaient toujours approvisionnés à grand-peine. »