Orphée
Christoph Willibald von Gluck (1714-1787), 1774.
Manuscrit autographe
BnF, Bibliothèque-musée de l'Opéra, RES-89
© Bibliothèque nationale de France
Premier des trois « opéras de réforme » de Gluck, Orphée et Eurydice représente un tournant dans l’œuvre du compositeur, dans lequel il applique déjà les principes qu’il exposera plus tard dans la préface d’Alceste. Si le cadre champêtre s’inspire de la tradition pastorale, l’intrigue est épurée pour se rapprocher au plus près des règles d’unité de la tragédie classique – et, au-delà, du théâtre antique. Sur le plan musical, Gluck supprime, dans la lignée des théories de Rousseau, les grands airs de colorature avec reprise, et modifie la traditionnelle alternance des airs et des récitatifs seulement accompagnés de basse continue. Les récitatifs sont au contraire variés et fluides, soigneusement orchestrés, avec une attention toute particulière aux mots et à leur sens. Quant aux airs, ils sont placés à des points stratégiques de l’intrigue, et portent une part importante de la charge dramatique de l’œuvre. Enfin, le rôle dévolu au chœur est d’une importance inhabituelle, au point de presque rivaliser avec les protagonistes.