Veuve hindoue se jetant dans un brasier
D'après Balthazar Solvyns (1760-1824), début XIXe siècle.
Gravure aquarellée, 37,5 x 51 cm
BnF, département des Estampes et de la Photographie, Od-32 (2)-Fol.
© Bibliothèque nationale de France
Cette planche copie une eau-forte de 1796 du Hollandais Balthazar Solvyns. Attiré par les pays lointains, Solvyns s'embarqua pour la mer Rouge, en dressa des cartes et alla aux Indes, où il vécut des années, étudiant les coutumes et les langues des habitants. Il publia à Calcutta un recueil de deux cent cinquante gravures en couleurs. On y voit des castes, costumes, transports, instruments de musique, fêtes, cérémonies religieuses et funéraires. La coutume appelée "sati" doit son nom, selon la légende, à la première femme du dieu Shiva, Satî, qui se jeta dans un brasier pour laver un affront fait à son mari. L'immolation des veuves sur le bûcher de leur époux fascina mais horrifia surtout les Européens du siècle des lumières, qui stigmatisèrent cette culture fanatique. Voltaire ironisa sur la liberté de ces femmes dans Zadig et les Questions sur l'Encyclopédie, et Lemierre obtint un grand succès à Paris dans les années 1780 avec La Veuve du Malabar ou l'Empire des coutumes, où l'héroïne, sauvée de la tyrannie des mœurs brahmanes, échappe au bûcher allumé sur scène.
Cette coutume sera interdite par les Anglais en 1829.