Voltaire (1694-1778), auteur, 1742.
BnF, département des Manuscrits, Français 12933 f. 96
Pour les Européens du XVIII
e siècle, l’islam, c’est d’abord l’Empire ottoman, qui recule en Europe mais continue de dominer le monde méditerranéen, et qui incarne l’archétype du concept de despotisme forgé par les Lumières. Les philosophes s’intéressent à l’islam, non par sympathie pour cette religion, même s’ils louent la tolérance musulmane, mais parce qu’ainsi, en discutant de cet ennemi traditionnel du christianisme, ils peuvent critiquer l’Église à couvert.
L’islam, auquel Voltaire rendra justice dans d’autres écrits, est un paravent commode pour attaquer tous les fanatismes. Son
Mahomet est une tragédie militante qui dénonce l’instrumentalisation du sentiment religieux mis au service de la volonté de puissance d’un pervers manipulateur. Créée avec succès à Lille en avril 1741, la pièce fut interdite à Paris après trois représentations à la Comédie-Française. Le texte, revu par l’auteur, paraîtra à Amsterdam en 1743 sous le titre
Le Fanatisme, ou Mahomet le prophète, assorti d’une épître dédicatoire à Frédéric II. Goethe en donnera une traduction en 1802.
À lire :
Une scène de Mahomet