Lettre de Voltaire à d'Alembert
datée du 12 juillet 1762
Voltaire (1694-1778), auteur, 1762.
Manuscrit autographe
BnF, département des Manuscrits, NAF 24330
© Bibliothèque nationale de France
« Je vais au-delà des bornes quand je loue Corneille et en deçà quand je le critique. Je vais d'ailleurs faire un ouvrage très utile et que la comparaison des pièces de Shakespeare et de Calderon avec Corneille sur des sujets à peu près semblables est un grand éloge de Pierre et un service à la littérature. Je ne me relâcherai en rien, parce que je suis sûr que j'ai raison. J'en suis sûr parce que j'ai cinquante ans d'expérience, parce que je me connais au théâtre, parce que je consulte toujours des gens qui s'y connaissent et qui sont entièrement de mon avis. Est-ce à vous à vouloir des ménagements et à conseiller la faiblesse ? Que m'importe que le préjugé crie, quand j'ai pour moi la raison ? Je ne songe qu'au vrai et à l'utile. La Bérénice de Corneille est détestable. Je fais imprimer à côté celle de Racine avec des remarques. »