Assemblée des protestants à Nismes dans le désert
1786.
Eau-forte et burin, 53,5 x 77,5 cm
BnF, département des Estampes et de la Photographie, Qb-1 (1775)
© Bibliothèque nationale de France
Promulgué par Henri IV en 1598, l’édit de Nantes reconnaissait la liberté de culte aux protestants. Après sa révocation par Louis XIV en 1685, le culte protestant est interdit et les temples détruits. La persécution contraint beaucoup de fidèles à l’exil. Cependant, des assemblées clandestines ont lieu, notamment dans les Cévennes, où la répression a provoqué une véritable guerre civile qui marquera durablement les mémoires. Ces assemblées sont dites du "désert", en référence au désert des Hébreux (Exode) qui ont erré quarante ans avant de trouver la Terre Promise. Le pasteur se tient dans une chaire démontable. Des veilleurs font le guet, car ces assemblées sont farouchement réprimées : pour les femmes, c’est l’emprisonnement dans des couvents ; pour les hommes, la condamnation aux galères ; pour les pasteurs, la mort. La fiction selon laquelle le royaume ne serait composé que de catholiques devient intenable quand on avance dans le XVIIIe siècle. De là, la campagne pour la tolérance aboutissant à l’édit de novembre 1787, qui reconnaît aux "non-catholiques", c’est-à-dire aux protestants, une existence légale en leur accordant l’état civil.