Le Château de Vaux-le-vicomte
Israël Silvestre (1621-1691), graveur.
BnF, département des Estampes et de la Photographie, VA-420-FT 4
© Bibliothèque nationale de France
« Comme les jardins de Vaux étaient tout nouveau plantés, je ne les pouvais décrire en cet état. […] Cela ne se pouvait faire que par trois moyens : l'enchantement, la prophétie, et le songe… Je feins donc qu'en une nuit de printemps m'étant endormi, je m'imagine que je vais trouver le Sommeil, et le prie que par son moyen je puisse voir Vaux en songe. »
Le Songe de Vaux, œuvre de commande interrompue par l'arrestation de Fouquet, réunit des pièces en vers et en prose glorifiant les arts. La Fontaine dut faire appel à toute son imagination : lorsque le surintendant demande à son pensionné dès 1658 de chanter les merveilles de son domaine de Vaux, celui-ci est encore en chantier. Le poète utilise alors le subterfuge du rêve, s'inspirant du Songe de Poliphile, composé en 1499 par Francesco Colonna, qui raconte un voyage imaginaire dans un monde peuplé de signes hermétiques et la rencontre de Vénus dans les jardins de Cythère.
La Fontaine ne travaille cependant pas entièrement sur l'imaginaire, mais à partir de plans, épures, cartons de tapisseries, graines d'arbustes, dessins de décorations et tissus, animaux vivants disséminés dans le parc. Il exprime son amour des arts, son goût pour la promenade dans les jardins, si propices au rêve, le plaisir que lui procure la vision du beau. Ce Songe inachevé trouvera son aboutissement dans les Amours de Psyché et de Cupidon (1669) où se trouvent réunis quatre amis dont l'un s'appelle… Poliphile.