Le héros cornélien
Pierre Corneille (1606-1684) : Le Cid. Tragicomédie
Paris, chez François Targa et Augustin Courbé au Palais, [1637], in-12 : titre gravé.
BnF, Arts du spectacle, Rf 1775 Rés.
La pièce de Corneille est dédicacée à Mme de Combalet, nièce de Richelieu, future duchesse d'Aiguillon, très influente sur les goûts du cardinal, ministre de Louis XIII. Image du héros épique par excellence, transmise par la littérature dramatique espagnole, la figure du Cid inspire à Guillén de Castro Las Mocedades de Cid ("Les enfances du Cid"), publiées en 1619, à partir de l'histoire vraie de Rodrigo Diaz de Bivar, (1043-1099), chavalier au service de rois chrétiens et d'émirs musulmans. Le Cid campeador tiendrait son surnom de Sidi, "seigneur" en arabe ancien, et de Campeador, "champion". Il est transformé en héros castillan de la Reconquista dès le XIIe siècle.
Sur ce modèle, le jeune Pierre Corneille imagine un beau sujet : les amours contrariées d'amants que le destin déchire, et qui seront réunis par la clémence du roi, sensible à la bravoure du héros, vainqueur au combat, et au sens de l'honneur, qui anime Rodrigue et Chimène jusqu'au sacrifice de leur bonheur.
Lors de la création, le 4 janvier 1637, au théâtre du Marais, ce chef-d'oeuvre de la tragi-comédie classique enthousiasme le public parisien par sa fougue romanesque. Mais les envieux cherchent une mauvaise querelle à Corneille, qui s'est libéré des règles d'écriture aristotéliciennes de la tragédie - les unités de temps, de lieu et d'action -, remises au goût du jour vers 1630. Ce procès de pure forme, qui marque une date dans l'histoire de la littérature dramatique, n'entame pas, bien au contraire, le succès de cette oeuvre. La pièce est traduite du vivant de Corneille dans toutes les langues d'Europe.
Le rôle du Cid, Don Rodrigue, a été convoité par les grands acteurs du théâtre français : parmi les plus célèbres, citons Talma, qui fut, dans le rôle, admiré de Napoléon, Mounet-Sully, en 1873, à la Comédie-Française, ainsi que Gérard Philipe, en 1951, au Festival d'Avignon, dans la mise en scène de Jean Vilar. Lorsque le comédien meurt prématurément en 1959, il est inhumé dans le costume du Cid, son linceul.
 
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