L'oraison funèbre du Grand Condé
Jean Dolivar (1641-1692), d'après Jean Berain (1640 ?-1711) : Décoration du chour de Notre-Dame de Paris pour le service célébré à l'occasion de la mort du prince de Condé. (Côté de la chaire)
Eau-forte et burin, 39,7 x 58 cm
BnF, Estampes et photographie, Rés. Qb-201 (63)-Ft. 5. Collection Michel Hennin, n° 5563
La cérémonie à la mémoire de Louis II de Bourbon, prince de Condé, le 10 mars 1687, donna lieu à une décoration fastueuse du chour et de la nef de Notre-Dame de Paris.
Jean Berain, peintre des fêtes, des spectacles et des cérémonies du roi en fut l'organisateur et les estampes gravées par Dolivar à partir des dessins de Berain nous donnent une idée de cette mise en spectacle en l'honneur d'un des plus valeureux hommes de guerre du royaume : seize tentes de guerre, dont les pans étaient tenus ouverts par des squelettes, contenaient des tableaux représentant les grandes batailles de Condé. Entre ces pavillons, se succédaient des trophées surmontés de grands palmiers sur lesquels étaient posées des médailles en bronze des hommes illustres de la maison de Condé. Au-dessus et en dessous, une galerie et une tribune permettaient d'assister à la cérémonie.
Jean Berain représente Bossuet à la chaire, prononçant l'oraison funèbre du prince. Le mausolée enfin, qui n'est que schématiquement représenté dans l'estampe, était constitué d'un grand portique de quatre colonnes doriques, ordre militaire par excellence. La seconde estampe (non reproduite) montre l'autre côté du chour qui avait reçu la même décoration, où une loge destinée aux princesses et dames de qualité faisait face à la chaire.
De ce décor majestueux, Bossuet ne manqua pas dans son sermon de souligner la vanité, aussi éphémère que l'existence ici-bas : "Jetez les yeux de toutes parts : voilà ce qu'ont pu faire la magnificence et la piété pour honorer un héros ; des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n'est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d'un tombeau et de fragiles images d'une douleur que le temps emporte avec tout le reste."