Alexandre sous les traits de Louis XIV
Girard Audran (1640-1703), d'après Charles Le Brun (1619-1690) : L'Entrée d'Alexandre dans Babylone
1675. Eau-forte et burin. 71,5 x 93 cm
BnF, Estampes et photographie, Rés. AA-6 (Audran, Girard)
Cette estampe appartient à la suite des Batailles d'Alexandre, quatre tableaux de Charles Le Brun que Girard Audran interpréta à l'eau-forte et au burin entre 1672 et 1678, une dizaine d'années après la date d'exécution des toiles.
Premier peintre du roi depuis 1662, Charles Le Brun avait auprès du souverain et de Colbert une grande influence. Il fit venir à Paris Audran, qui était alors à Rome, et obtint qu'il fût nommé graveur ordinaire du roi. Les tableaux des Batailles d'Alexandre avaient suscité l'admiration des contemporains, en premier lieu celle de Louis XIV, qui demanda à Audran de les graver. En choisissant comme sujet l'histoire d'Alexandre, Charles Le Brun souhaitait sans doute continuer dans la lancée du chef-d'oeuvre qui avait fait de lui le peintre de Louis XIV, les Reines de Perse aux pieds d'Alexandre ou la Tente de Darius. Les quatre toiles des Batailles traitent de la conquête de la Perse par Alexandre, habile référence héroïque à la personne du roi, et aux guerres que ce dernier ne tardera pas d'entreprendre. Dans la lettre gravée de chaque estampe, Audran met en valeur la virtus, bravoure au combat, clémence face à l'ennemi courageux. L'entrée d'Alexandre dans Babylone est l'occasion de montrer le triomphe du Macédonien, empli de majesté, le passage du Granique, la mêlée du combat, dont la composition souligne l'héroïsme d'Alexandre, affrontant en première ligne l'assaut des Perses. Audran suit fidèlement la composition de Le Brun et fait preuve d'un talent remarquable, alors même que la transcription dans l'airain de ces tableaux monumentaux et complexes aurait pu s'avérer un véritable écueil.