|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
La
Sicile
|
|
|
|
Enlevée de longue lutte aux
Arabes par les Normands* à la fin du XIe siècle, la Sicile
offre, moins d’un siècle plus tard, une synthèse politique et culturelle
des trois grandes civilisations méditerranéennes.
Sur le plan politique, le royaume normand conserve de l’Occident la nature
féodale* du rapport entre seigneur et paysan. Sa forme institutionnelle
est empruntée à l’Orient byzantin et musulman. Le roi s’appuie sur une administration
et une armée en grande partie arabes. Chaque communauté religieuse pratique
librement son culte et garde ses lois. En cas de différend avec le seigneur,
le paysan musulman est ainsi jugé par un cadi*, le juge coranique.
Palerme est un brillant foyer culturel qui accueille intellectuels et artistes.
Plusieurs langues y sont parlées couramment, ce qui permet la diffusion
des connaissances grecques et arabes. La vie à la cour emprunte au faste
byzantin. Les poètes chantent en arabe la gloire d’un roi chrétien. L’art
mélange toutes les modes et tous les genres : palais et jardins arabo-musulmans,
églises d’inspiration occidentale et de décoration byzantine.
Cette synthèse culturelle et politique unique dure un peu plus d’un siècle.
Elle s’éteint définitivement avec le dernier roi normand, à la toute fin
du XIIe siècle. Pour s’imposer roi de Sicile en 1197, Frédéric
de Hohenstaufen n’hésite pas à prendre des mesures extrêmes, comme le massacre
et la déportation massive de populations musulmanes.
|
|
|
|
L'Espagne
musulmane
|
|
|
|
En 711, les Arabes franchissent
le détroit de Gibraltar et conquièrent presque toute la péninsule Ibérique
où ils fondent une nouvelle province musulmane : al-Andalus*.
L’Espagne musulmane devient vite l’une des régions les plus importantes
du monde islamique et le second pôle de sa civilisation. Au Xe
siècle, savants et lettrés de tous horizons affluent à Cordoue, siège d’un
brillant califat ne comptant pas moins d’une vingtaine d’écoles et une importante
bibliothèque. Juifs et chrétiens vivent en parfaite intelligence. Beaucoup
se sont arabisés, linguistiquement et culturellement, deviennent bilingues
ou biculturels : ce sont les mozarabes, véritables intermédiaires
culturels dont le rôle dans la transmission des savoirs est considérable.
|
|
|
|
|
|
|
|
Ainsi est-ce dans cette Espagne,
musulmane ou récemment reconquise, qu’ont lieu aux XIe et XIIe
siècles les contacts les plus fructueux entre la brillante civilisation
islamique et l’Occident chrétien. Prise aux Arabes en 1085 par Alphonse
VI (1042-1109), roi de Castille, Tolède s’impose comme le centre des échanges
culturels. Les groupes religieux se côtoient pacifiquement : les minorités
protégées, musulmanes et juives, les chrétiens, répartis en plusieurs groupes,
mozarabes, Castillans, Francs et les nouveaux convertis. "Empereur
des Espagnes", Alphonse VII (1105-1157) se fait également appeler "empereur
des trois religions".
Dans ce climat pacifié et tolérant, les savants de toutes confessions débattent
et échangent entre eux. À l’initiative des membres de l’ordre de Cluny
commencent les grandes traductions de l’arabe en latin. Une véritable équipe
de traducteurs professionnels, mozarabes, juifs et francs, met à la portée
de l’Occident le savoir grec antique revu par l’islam. Philosophie, médecine,
astronomie ou mathématiques..., toutes leurs traductions vont jouer un rôle
décisif dans le renouveau intellectuel de l’Occident aux XIIe
et XIIIe siècles.
|