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On sait peu de choses sur la
vie d’al-Idrîsî. Né au Maroc en 1100, il serait originaire d’une famille
arabe noble d’Espagne. Il fait ses études à Cordoue, alors premier centre
culturel de l’Islam occidental. Il est d’une grande culture médicale,
connaît bien les plantes, les poisons et les poudres dont il sait les
qualités spécifiques, pharmacologiques et aphrodisiaques. Il possède un
peu de latin, parle grec et rédige quelques livres, dont un traité des
médecines simples. Grand voyageur, al-Idrîsî parcourt la Méditerranée depuis
l’âge de seize ans. |
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Ses
méthodes de travail |
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Dans sa préface, al-Idrîsî attribue à Roger
II l’initiative du projet et la méthode qu’il a suivie. En premier lieu,
al-Idrîsî interroge les livres de la géographie arabe. Il vérifie ensuite
l’information auprès des savants puis des voyageurs expérimentés. Faisant
preuve d’un esprit critique sévère, il les questionne ensemble, puis un
par un, dépêche des émissaires pour corroborer leurs dires et rejette
les informations contradictoires. Pour s’assurer de la véracité de données
concordantes, il trace une carte graduée, à l’aide d’un compas de fer,
sur une table à dessin. |
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Après ce minutieux travail d’enquête, al-Idrîsî
dresse une grande carte du monde orientée au sud et divisée en latitude*
selon sept "climats*" et en longitude* en dix sections. Les
climats, zones thermiques parallèles à l’équateur, sont d’une largeur
inégale et l’atlas traduit une singulière déformation : le monde
est très étendu, presque étalé en longitude, d’ouest en est, par rapport
à son extension en latitude. Par cette méthode héritée de Ptolémée (90-168),
al-Idrîsî poursuit l'uvre de ses prédécesseurs en se
plaçant dans une logique scientifique. Un
ensemble important de commentaires forme le texte de la Géographie.
Celui-ci suit le découpage cartographique en soixante-dix sections et
commente ce que la carte ne peut représenter : description de la
nature, routes, distances, architecture, commerce, merveilles, mœurs et
coutumes... L’information est colossale : plus de 5 000 noms de lieux,
de fleuves et de montagnes sont répertoriés. Cependant, l’ampleur même
et l’encyclopédisme des informations rassemblées conduisent à des erreurs
de copie et des confusions, voire des étrangetés. |
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Ses
sources |
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Al-Idrîsî est d’abord l’héritier de la géographie arabe,
et plus particulièrement de la géographie
"administrative". Ce courant comprend des ouvrages sur la
perception de l’impôt et les routes de l’empire qui décrivent en détail
les provinces, les villes et les campagnes. La méthode d’al-Idrîsî manifeste
à cet égard un esprit critique sévère et remarquable. Tout ce qui ne pourra
être vérifié sera écarté. Réduit à peu de notations, le légendaire est
repoussé aux extrêmes limites du monde connu. |