En bref
 
 

La Géographie d'al-Idrîsî propose, au milieu du XIIe siècle, une exploration du monde par un savant arabe vivant à la cour cosmopolite du roi normand Roger II de Sicile. C'est un atlas qui décrit de manière très codifiée les pays, leurs villes principales, leurs routes et leurs frontières, les mers, les fleuves et les montagnes. Al-Idrîsî commente ces cartes en suivant des itinéraires, comme un véritable guide. Il livre des informations de toute nature, géographiques bien sûr, mais également économiques et commerciales, historiques et religieuses. Outre la compilation des connaissances déjà pratiquées par ses prédécesseurs, al-Idrîsî s'est doté d'une méthode pour compléter et vérifier ses informations.
   

 
   
  Le Livre du roi
 

Appelée aussi Livre de Roger, la Géographie est un livre à la gloire de Roger II de Sicile. Le sens et le but de l'œuvre se rattachent à la mission dont le roi, selon la tradition arabe et byzantine, se sent investi. Une mission qui fait du prince un sage, serviteur du savoir, et invite Roger II à tenter la synthèse des connaissances du monde tout en exposant sa politique. Établissant une concordance entre les savoirs, la Géographie se présente comme une tentative de maîtrise intellectuelle du monde.
La Géographie connaît un certain succès dans le monde arabe. Le livre est cité, copié, repris, augmenté, réduit, traduit... En Occident, il est imprimé pour la première fois en caractères arabes à Rome en 1592, partiellement traduit et publié en latin en 1619. Il tombe ensuite dans l'oubli et il faut attendre le XIXe siècle pour connaître une traduction française complète du livre.
   

 
   
  Il reste aujourd'hui dix manuscrits de la Géographie, réalisés entre le début du XIVe siècle et la fin du XVIe siècle. La Bibliothèque nationale de France en possède deux. Celui présenté ici est le plus ancien, copié autour de 1300 sur papier en écriture maghrébine. Il provient de la collection de 1515 manuscrits arabes rapportés par Asselin de Cherville, agent consulaire en Égypte, acquise par la Bibliothèque en 1833. Ce manuscrit très stylisé comprend trois cent cinquante-deux folios et rassemble soixante-neuf cartes, peintes chacune sur une pleine double page dans un cadre d'or. Sa gamme de couleurs est étendue et variée. Les noms des pays et des régions sont tracés en rouge. La mer est de couleur bleue avec un filet ondulé blanc, les lacs d'eau douce et les fleuves sont en vert, très rarement en bleu. Les montagnes sont représentées avec de nombreuses nuances, allant de l'ocre au violet. Les villes sont signalées par des rosettes rehaussées d'or.