En 1958, la collection « J’ai lu », dans laquelle s’implique Flammarion, choisit à la fois un réseau de commercialisation différent en s’implantant dans les magasins populaires et un catalogue moins littéraire : de la littérature sentimentale et populaire parfois dans des genres encore tenus pour marginaux, comme la science-fiction. Il lui faudra résister à la concurrence, à partir de 1962, de Presses Pocket, collection des Presses de la Cité, lesquelles puisent romans sentimentaux et romans d’aventures dans leur propre catalogue. À côté de ces vastes collections, les années 1960 voient naître des collections de poche qui visent un public plus étroit : la « Petite Bibliothèque Payot » en 1960, « Idées » (1962) chez Gallimard pour les essais, puis « Poésie » (1966) ; la « Garnier-Flammarion » (1964) pour les textes classiques dans une présentation annotée et plus soignée que celle du Livre de poche, « 10/18 » pour les textes atypiques après 1968 (littérature militante, édition de colloques, textes rares…), « Points » (1970) pour les sciences humaines aux éditions du Seuil.
En 1970, Gallimard, mécontent des conditions proposées par Hachette, refuse de renouveler le contrat qui le lie pour le Livre de poche. Après avoir monté sa propre structure de distribution, la Sodis, qui l’affranchit des Messageries Hachette, Gallimard reprend les titres de son fonds et lance, en 1972, « Folio ». Plus chère que le Livre de poche mais habillée d’une couverture plus élégante due au graphiste Massin, « Folio » table sur la richesse du catalogue Gallimard qui assurait les meilleures ventes du Livre de poche. C’est un succès : si, en 2 000, le Livre de poche reste la collection la plus vendue avec 18 millions de volumes par an, « Folio » en vend 15 millions.