Si l’argile était en Mésopotamie le support "obligé" de l’écriture, il arrivait pourtant que pour transcrire des messages royaux on fît appel à d’autres matériaux plus durs, importés des montagnes lointaines, souvent à grands frais. Plus rares et plus beaux que l’argile usuelle, les supports (or, argent, cuivre, bronze, lapis-lazuli, cornaline, agate, dioùte noire ou albâtre) capables de défier l’éternité, étaient les supports de l’écriture destinée aux dieux et aux rois.
Aux antipodes de l’écriture sur le sable qui joue avec l’éphémère, l’écriture gravée dans le marbre fixe le message pour l’éternité, dans une rigide graphie monumentale organisant la "page" comme un tableau géométrique dont les instruments sont la règle, le compas, le ciseau.
Les matières précieuses subliment l’écrit, mais elles peuvent aussi l’éclipser de leur splendeur, puisque c’est l’ensemble qui constitue un objet remarquable. On en use le plus souvent pour célébrer les dieux et les princes. Si les anciens souverains ont fait graver leurs lois dans la pierre, leurs sujets leur ont rendu hommage, ou ont tenté de gagner leurs faveurs, en leur offrant des livres précieux, tel ce livre de jade chinois, écrin précieux renfermant un texte dont le sens s‘efface derrière le prestige de l’objet et le symbole de la matière.
En Chine, la soie a été le support du livre avant le papier, à peu près en même temps que les lattes de bambou, qui étaient, elles, d’usage courant. Matière coûteuse, la soie devait alors être réservée à l’élite impériale ; à partir du IV
e siècle, avec l’emploi généralisé du papier, elle resta le matériau des livres de luxe.
