Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

Nicolas et Mathieu Polo quittent Constantinople

Le Livre des Merveilles de Marco Polo
Nicolas et Mathieu Polo quittent Constantinople
Le format de l'image est incompatible

Le Livre des Merveilles commence par un bref récit du voyage que le père de l’auteur, Niccolo, et son oncle Maffeo, ont entrepris en 1260 et non en 1252 comme l’indique le texte. Marco, né en 1254, est alors trop jeune pour les accompagner. « Nobles, sages et avisés », les deux marchands vénitiens se sont embarqués sur un de leurs vaisseaux « chargé de marchandises variées et précieuses ». Ils voguent sans encombre jusqu’à Constantinople où ils font une escale fructueuse en négoce, puis se rendent au port de Soudak sur la mer Noire afin « d’accroître leurs gains et leurs profits ». Ils vont sans doute rejoindre leur frère aîné, Marco « le vieux », qui est installé dans ce comptoir vénitien de Crimée.
En 1260, Constantinople est la capitale de l’Empire latin créé en 1204, à la suite du pillage de Byzance par les Croisés. Les Vénitiens y possèdent une colonie depuis de nombreuses années, ainsi que des comptoirs dans tout l’est de la Méditerranée et jusqu’en Crimée. Les Polo sont des marchands installés à Constantinople depuis une génération, ils sont aisés sans être richissimes. Cependant les privilèges et positions des Vénitiens, principaux appuis de l’Empire latin, se heurtent de plus en plus à ceux de Génois, alliés à Michel VIII Paléologue, empereur byzantin de Nicée rêvant de reprendre l’ancienne capitale impériale. Quand en 1261, les Byzantins reprennent Constantinople, les Polo sont en Crimée. Ne pouvant rentrer chez eux, ils décident d’aller vers l’Est et de s’enfoncer dans les terres des Mongols, que des missionnaires avaient commencé à explorer.

« Pour connaître l’exacte vérité des différentes régions du monde, prenez ce livre, et écoutez-en la lecture. Vous y apprendrez les fabuleuses merveilles de la Grande Arménie, de la Perse, du pays des Tartares et de l’Inde. Tout cela, et bien d’autres choses encore, notre livre vous le racontera dans l’ordre et en détail, suivant le propre récit qu’en fit Marc Polo, sage et noble citoyen de Venise. Il en fut le témoin. Ce qu’il ne vit pas lui-même, il le connut de sources sûres ; et ce sont peu de choses. Nous préciserons donc bien ce qu’il vit réellement, et ce qu’il apprit seulement. De sorte que notre livre sera exact et sans nul mensonge. L’auditeur ou le lecteur pourra y accorder une foi absolue. Tout y est parfaitement vrai. Je peux vous l’affirmer, depuis le temps que le Seigneur créa Adam, notre premier père, nul homme ne parcourut autant du monde ni ne connut autant de ses merveilles que ne fit Marc Polo. Pensant qu’il serait dommage de ne pas rapporter ce qu’il avait appris et vu, il entreprit de le raconter. D’autres pourraient ainsi en avoir connaissance. Il ne resta pas moins de vingt-six ans dans les diverses régions du monde, puis, en l’an 1298 de l’Incarnation du Christ, il fit, point par point, le récit de son voyage à messire Rusticien de Pise, prisonnier avec lui dans les prisons de Gênes. »

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    15e siècle
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Marco Polo, auteur) ; Maître de la Mazarine, peintre
  • Description technique
    Manuscrit peint sur parchemin
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, FRANCAIS 2810, FOLIO 1r

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm121200355c