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Carte-portulan de la Méditerranée

Carte-portulan de la Méditerranée
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Orientée l’ouest en haut, cette carte-portulan italienne réalisée par un auteur originaire de Majorque est organisée par rapport à l’axe ouest-est de la Méditerranée. Elle met en scène, de part et d’autre de cette ligne, à droite les souverains d’Europe, portant armures, épées et écus, et à gauche les souverains musulmans, vêtus de longues robes, armés de cimeterres et de boucliers ornés du croissant de l’Islam. Tous sont identifiés par leurs noms ( « re de Spania », « re de Ongaria », « re de Alger », « re de Tripoli »...) ou par leurs armoiries. Cette riche ornementation fait écho à la guerre opposant Turcs et Impériaux sur les fronts de Hongrie (1593-1606). L’ensemble est surmonté d’une composition soignée figurant, dans le cou de l’animal, sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus en majesté.

Les cartes-portulans sont apparues en Italie du Nord (Gênes, Venise) au cours du 13e siècle avec le renouveau des échanges maritimes en Méditerranée. Conçues comme une aide à la navigation, elles présentent plusieurs caractéristiques, parmi lesquelles figure le support utilisé. Bâties sur un réseau de lignes, dites rhumbs, correspondant aux directions de la boussole, elles sont centrées sur le tracé des côtes ; les toponymes, pour l’essentiel les noms des ports et havres, sont inscrits à l’encre perpendiculairement au littoral en fonction de conventions de couleurs précises (les ports les plus importants en rouge, les autres en noir, etc.). La carte montre les côtes méditerranéennes avec une précision beaucoup plus grande que celles de la mer Noire ou de l’Atlantique et, témoignage de ce que la navigation méditerranéenne était coutumière et indépendante des progrès scientifiques, l’échelle des latitudes n’y correspond pas du tout à la position des points en Méditerranée. La décoration montre aussi, à sa manière, combien cet espace constituait, non pas une barrière, mais un lieu de communication.

Support ordinaire de l’écrit au moment où ces cartes sont apparues, le parchemin était particulièrement adapté à un usage nautique en raison de sa souplesse et de sa résistance ; la peau – de mouton ou de veau – était souvent employée dans sa totalité, comme en témoigne ici le rétrécissement correspondant au cou de l’animal.

Production courante emportée à bord des navires, ou production de luxe, ornée et enluminée avec soin à l’attention de riches commanditaires – princes, armateurs ou marchands –, les cartes-portulans ont été confectionnées jusqu’au début du 18e siècle dans les grands centres maritimes de l’Europe (Italie, Espagne, Portugal, etc.). Au 17e siècle cependant, face à la concurrence des grands atlas nautiques publiés aux Pays-Bas, le déclin de cette production cartographique s’est amorcé.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1603
  • Lieu
    Messine
  • Auteur(es)
    Francesco Oliva
  • Description technique
    Parchemin (vélin), une feuille manuscrite enluminée, 90 x 54 cm
  • Provenance

    BnF, Département des Cartes et Plans, Rés. Ge C 5093

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm121200927z