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Comme toute enluminure, celle-ci
sinsère dans un texte dont il importe de connaître le contenu pour
comprendre sa fonction. Elle fait partie du chapitre 39, intitulé
"De linstruction du veneur", du manuscrit français 616.
Le texte de ce chapitre décrit dans le détail comment le valet doit manuvrer
son limier pour que celui-ci détecte le cerf puis le débusque de son lit,
et comment il doit ensuite sonner du cor pour que la meute des chiens
se lance à sa poursuite.
Nous sommes donc en présence dune image narrative : au premier
abord, elle présente des faits ceux du texte, quoique sous
une forme différente car enrichie. Observons donc les éléments de cette
scène de chasse.
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Deux
cavaliers

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En haut à gauche, deux cavaliers,
dont lun porte une coiffe, sonnent du cor et se lancent à la poursuite
dun cerf. Il sagit du seigneur et de son aide.
Le seigneur est un chasseur confirmé.
Cest lui qui organise la chasse. Chasser à courre, et surtout chasser
le cerf, animal prestigieux, est un signe dappartenance à la noblesse.
La chasse à courre est appelée vénerie et le chasseur veneur.
Cest à lâge de vingt ans,
après avoir été successivement page et valet, que lapprenti veneur
est promu aide. Il peut monter à cheval, maintenant quil a acquis
une parfaite connaissance des chiens et du gibier.
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Un
cerf

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À droite, le cerf tente déchapper
à ses poursuivants. Il est le plus recherché de ceux quon appelait,
au Moyen Âge, les "bêtes rouges" : cerfs, biches,
daims et chevreuils, qui sont des animaux doux, dépourvus dagressivité
et herbivores. À lopposé, les "bêtes noires" sont
les bêtes puantes ou carnivores : renards, loutres, chats sauvages,
loups, sangliers, blaireaux.
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Un
couple de chiens

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Deux chiens, pratiquement identiques,
courent après le cerf et sont déjà sur ses talons. Ils nont ni laisse
ni collier. Ils ont été détachés les premiers de la meute car ce sont
"les meilleurs et les plus sages". Dans la société du Moyen
Âge, le chien possède des qualités morales qui le distinguent des
autres animaux et lapparentent aux nobles. De fait, la fréquentation
continue des chiens permet au chasseur de les connaître, de les apprécier
et de chasser avec eux en parfaite communion. La loyauté et la fidélité
des chiens envers leurs maîtres répondent à celles des vassaux pour leur
suzerain.
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Un
homme et son chien

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En bas et au centre se trouvent
un valet et son limier. Le limier est le chien chargé de localiser le
gibier. Il est ici en position darrêt, fermement retenu par une
laisse par le valet qui, de son autre main, sonne du cor.
Le valet a appris, en compagnie de
son maître, à repérer puis à identifier les traces des animaux
laissées sur le sol ou sur les arbres : déjections, empreintes, branches
cassées, feuillage écrasé, etc. Lorsquil devient valet de chiens,
il part seul, avec son limier, en quête des marques qui vont localiser
le gibier. Puis, au lieu-dit de lassemblée, là où se tiennent les
seigneurs avant le moment de la chasse, il devra rendre compte à son maître
de ce repérage.
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Trois
jeunes gens et la meute

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En bas à gauche se trouvent la meute des
chiens et un groupe de trois valets. La meute est généralement constituée
de dogues qui affrontent le gros gibier, de lévriers qui sentent et repèrent,
de chiens courants qui courent aussi vite et aussi longtemps que le cerf,
dépagneuls ou chiens doiseaux.
Le mâtin est plus spécifiquement un
chien de garde. Comme la chasse, la possession dune meute est un
privilège seigneurial assurant valeur et prestige.
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