"Et puisqu'il
est valet de chiens, je le veux promouvoir et faire aide et lui enseigner
comment il sera bon aide comme il est bon valet de chiens. Toutefois je
conseille qu'il ait pour cela l'âge de vingt ans, de sorte que toute sa
vie il ait hanté, comme j'ai dit, les chiens, sauf les sept ans qu'il
avait, quand je le fis page.[...]
Je veux maintenant,
puisque cet enfant a été bon page et bon valet de chiens et que le voici
bon aide, qu'il devienne bon veneur. Et je lui veux apprendre comment
il doit chasser et rechasser, requérir et prendre le cerf à force et par
maîtrise.[...]
C'est pourquoi
le veneur en chassant le chevreuil apprend à bien chasser toutes
les autres bêtes. Car il demeure et tournoie plus en son pays que
nulle autre bête.[...]
Et c'est belle maîtrise
et belle chose que de bien savoir tuer un sanglier de l'épée.[...]
Après avoir
dit comment on doit chasser les bêtes sauvages à force, ,je
veux dire comment on les prend par maîtrise et au moyen de quels
engins car il me semble que nul n'est parfait veneur s'il ne sait prendre
les bêtes à force et par engin. Mais je n'en parlerai pas
volontiers car je ne devrais enseigner à prendre les bêtes
que par noblesse et gentillesse et pour y prendre agrément. Il
y aurait ainsi plus de bêtes si on ne les tuait pas faussement et
on en trouverait toujours à chasser.[...]
Comme j'ai dit au
début de mon livre que les bons veneurs vivent longtemps et joyeusement
et à leur mort vont au paradis. Je veux enseigner à tout
homme à être veneur de façon ou d'autre. J'affirme
que s'il n'est bon veneur il n'entrera jamais en paradis.[...]
C'est pourquoi je
voudrais, puisque je suis veneur, que chacun fut aussi simple que je suis.[...]"
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