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De
tous temps, la chasse a représenté pour les hommes un moyen de se nourrir
et de se vêtir, ainsi qu'une façon de protéger les récoltes et le bétail
contre les prédateurs. Mais à côté de cette fonction utilitaire, la chasse
au Moyen Âge est riche de significations. Elle reflète les structures
et les modes de pensée de la société médiévale.
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Une
activité sportive
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La chasse est un
sport et un divertissement pratiqués par tous les groupes sociaux. Elle
permet aux hommes de se maintenir en forme et constitue un entraînement
au combat, en ces temps de guerre permanente où chacun est susceptible
d'être amené à se battre. Les paysans pratiquent la chasse à l'aide de
pièges et d'engins tels que collets, filets, fosses ou enceintes. Les
nobles méprisent cette "chasse de coquins" car elle n'exige ni courage
ni endurance de la part des chasseurs, qui n'affrontent pas directement
les bêtes sauvages. La noblesse pratique la chasse au vol au
moyen d'oiseaux de proie préalablement dressés la chasse à
l'arc ou la chasse à courre (vénerie). Celle-ci se fait à cheval et à
l'aide d'une meute de chiens. Elle exige de la part du chasseur lancé
à la poursuite du gibier non seulement de l'endurance et du courage, mais
également de la réflexion pour pouvoir déjouer les ruses de l'animal,
dont on admire l'adresse et les efforts. Ce type de chasse valorise à
la fois l'animal et le chasseur.
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Une
activité de prestige
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Les nobles qui pratiquent
la chasse au vol ou à courre jouissent d'un immense prestige auprès des
dames et des seigneurs. En effet, outre la gloire due au combat contre
une bête parfois féroce (chasse au sanglier), elle exige d'énormes moyens
financiers. Les meutes atteignent parfois plusieurs centaines de chiens
dont il faut s'occuper en permanence. Il est nécessaire d'avoir du personnel
(pages, valets, veneurs), mais aussi des armes, des loisirs et de l'autorité
pour pouvoir briller dans cette activité. Le repas qui précède et celui
qui suit la chasse sont l'occasion de faire preuve de courtoisie et de
sociabilité envers les nombreux invités. Enfin, la chasse au cerf, pratiquée
à partir du XIVe siècle, est considérée comme une chasse
royale. La chasse fait donc partie des prérogatives de la noblesse mais
également de ses obligations : il lui faut tenir son rang.
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Une
activité codifiée
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Dans la société médiévale
où règne un fort esprit d'émulation, la chasse est le lieu d'une sévère
compétition entre chasseurs. De ce fait, cette activité est réglée par
des codes très précis. Il existe un "droit de chasse" droit
de se livrer à cette pratique sur un territoire donné et,
par corrélation, un "délit de chasse". Comme à la guerre, sonner du cor
ne peut se faire qu'aux phases essentielles. Les veneurs, chargés de conduire
la meute, doivent être habillés de vert pour mieux se fondre dans la forêt.
Même l'écorchement et le découpage de l'animal obéissent à des règles
strictes.
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Une
activité hautement morale
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Le discours
moral qui entoure la chasse est typique de la société médiévale. Celui qui
chasse assure son salut : d'une part parce que la chasse procure des
plaisirs qui, contrairement à d'autres, ne sont pas des péchés et donc ne
mettent pas l'âme en péril ; d'autre part parce que la chasse est un
remède souverain contre l'oisiveté, mère de tous les vices. L'action empêche
les mauvaises pensées, et constitue donc un antidote contre le Mal. La fonction
importante de cette activité explique le succès des manuels de chasse du
Moyen Âge, écrits à partir du XIIIe siècle, et en
particulier celui de Gaston Phébus.
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