La guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans opposa l'Angleterre à la France de 1337 à 1453, soit en réalité pendant cent seize années au cours desquelles alternèrent les périodes de guerre et les périodes de trêve.

  

  Les origines

À sa mort en 1328, Charles IV, fils de Philippe le Bel, ne laisse aucun héritier direct pour lui succéder. Philippe VI de Valois, le plus proche héritier de la lignée masculine, devient donc roi de France sans que Édouard III, roi d'Angleterre et petit-fils de Philippe le Bel par sa mère, y trouve à redire. Néanmoins en 1340, ce dernier revendique soudain la couronne de France après trois années de luttes contre le roi de France pour la possession de la Flandre et de la Guyenne. Cette dernière avait en effet été reçue en héritage par Édouard III mais lui avait été confisquée par Philippe VI, en 1337. Ainsi débuta la guerre de Cent Ans.
  
    
 

Une série de défaites


 

 

Le 24 juin 1340, la France subit sa première défaite avec la destruction de sa flotte dans le port de l'Écluse (Flandre). En juillet 1346, Édouard III prend prétexte de la difficile succession du duché de Bretagne pour envahir la Normandie et marcher sur Paris en remontant le long de la Somme. L'armée de Philippe VI l'y rencontra à Crécy où, malgré la supériorité numérique des Français, les fantassins et les archers anglais écrasèrent les cavaliers français. La défaite fut totale. Édouard III fit alors le siège de la ville de Calais. Celle-ci, après onze mois de résistance, capitula et lui remit les clés de la ville, portées par six bourgeois pieds nus, tête nue et la corde au cou.
La ville devint possession anglaise durant près de deux siècles. Après quelques années de trêve, le fils d'Édouard III, le Prince de Galles dit le Prince Noir, débarqua à Bordeaux avec ses troupes. Il dévasta toute la région jusqu'à Narbonne, puis le Languedoc, et obliqua vers le Nord pour une nouvelle expédition. En septembre 1356, l'armée du roi Jean le Bon, successeur de Philippe VI, tenta de l'arrêter près de Poitiers. En vain. La défaite des Français fut telle que le roi lui-même fut fait prisonnier. La France, en pleine crise économique, politique et sociale, signa en 1360 le traité de Brétigny qui donnait au roi Édouard III tout le sud-ouest de la France ainsi qu'une partie de la Picardie. Jean le Bon ne fut libéré qu'en échange d'une forte rançon.

  

   
  Le relèvement de la France

Après une période de troubles intérieurs, le roi Charles V, fils aîné de Jean le Bon, entreprit de redorer le blason de la France. Très cultivé, il collectionnait les manuscrits, fonda la Bibliothèque royale et fit construire la forteresse de la Bastille. Il institua l'impôt sur le sel, la gabelle, réorganisa l'administration et l'armée dont il confia le commandement à Bertrand du Guesclin. Celui-ci mena la guerre contre les Anglais qui avait reprit en 1369. Grâce à une succession de petites victoires, la France reprit petit à petit les territoires occupés. En 1380, à la mort de Charles V et de du Guesclin, les Anglais ne conservaient plus que Calais, Cherbourg et Bordeaux. Mais ils n'avaient pas conclu la paix pour autant. Dans les décennies qui suivirent, chacun des deux pays fut davantage préoccupé par sa situation interne et ses problèmes de succession que par l'ennemi.
  

   
  Armagnacs et Bourguignons

En France, Charles VI récupère, en 1388, son trône laissé aux mains de ses oncles du fait de son jeune âge. Avec son équipe de "Marmousets", il poursuit l'œuvre de réforme de l'État entreprise par son père et organise des fêtes grandioses, notamment à l'occasion de son mariage avec Isabeau de Bavière. Mais il est atteint d'une grave maladie mentale et succombe régulièrement à des crises de folie, qui s'aggravent d'année en année. Ses oncles, les ducs d'Anjou, de Berry et de Bourgogne, reprennent alors le pouvoir, chacun d'eux tentant de faire triompher ses intérêts propres. En 1407, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, fait assassiner le duc d'Orléans, frère du roi. La France se trouve alors déchirée par une guerre sanglante entre les Armagnacs – partisans de Charles d'Orléans, fils du duc assassiné et gendre du comte d'Armagnac – et les Bourguignons, partisans du duc de Bourgogne. Ces derniers, installés à Paris sous le commandement d'un dénommé Simon Caboche, répandirent une telle terreur parmi la population que celle-ci appela les Armagnacs à la rescousse. Ceux-ci, alliés aux duc de Berry et de Bourbon, écrasèrent les Bourguignons. Jean sans Peur, de même qu'Isabeau de Bavière qui s'était ralliée à lui, s'enfuit. Une trêve fut conclue en 1414.
  

    
  La dynastie des Lancastre

Pendant ce temps, en Angleterre, Richard II avait succédé, à l'âge de dix ans, à son grand-père Édouard III. Privé de son pouvoir en 1386 par un conseil de nobles et de ministres, il le reprend en punissant sévèrement ses opposants. Alors qu'il se trouvait en Irlande, son cousin Henri de Lancastre envahit le royaume, capture le roi et monte sur le trône en 1399. Son fils, Henri V, lui succède en 1413. Confronté à des luttes de factions qui affaiblissent son pouvoir, il décide de porter le conflit à l'extérieur : il revendique les territoires de France dont ses ancêtres ont été dépossédés.
  

   
  La reprise des hostilités

En août 1415, Henri V débarque avec son armée en Normandie. L'armée française se porte à sa rencontre mais est décimée par les archers anglais lors de la bataille d'Azincourt. Charles d'Orléans est fait prisonnier. Il restera enfermé durant vingt-cinq ans dans la Tour de Londres. Les Bourguignons, profitant de la situation, reprennent Paris en massacrant les Armagnacs (1418) alors même que les Anglais marchent sur la capitale.

Jean sans Peur et Isabeau de Bavière reviennent. Le fils du roi, le futur Charles VII alors âgé de quinze ans, s'enfuit dans le Berry où il tente d'organiser, avec les Armagnacs, un gouvernement dissident. Malgré l'assassinat du duc de Bourgogne par un partisan du duc d'Orléans, Isabeau de Bavière et les Bourguignons négocient avec le roi d'Angleterre.

Le traité de Troyes, signé en mai 1420, organise la succession de Charles VI après sa mort : il prive Charles VII du royaume au profit d'Henri V, roi d'Angleterre et gendre de Charles VI, puisque Catherine, sa fille, lui est donnée en mariage.
  

   
  La fin de la guerre

Mais Henri V meurt deux ans plus tard, bientôt suivi par Charles VI. Henri VI, fils d'Henri V et de Catherine, devenait de fait roi de France et d'Angleterre tandis que Charles VII revendiquait également la couronne (1422). Les querelles intestines reprirent, de même que la guerre contre les Anglais. Ceux-ci, en 1428, assiégèrent la ville d'Orléans. Grâce à Jeanne d'Arc, fervente partisane de Charles VII et au sentiment national qu'elle insuffla aux Français, les Anglais furent refoulés. Charles VII fut sacré roi à Reims en 1429 avec l'approbation de toute la population. Dès lors, et malgré l'exécution de Jeanne d'Arc tombée aux mains des Bourguignons qui la vendirent aux Anglais, ces derniers perdirent rapidement du terrain. Les Bourguignons signèrent la paix avec Charles VII en 1435, lors du traité d'Arras. Privés de leur principal appui, les Anglais abandonnèrent Paris et sa région (1436), puis la Normandie (1449) et la Guyenne (1453). La guerre de Cent Ans se termina définitivement en 1453 sans qu'un traité de paix fut signé. Seule la ville de Calais resta aux mains des Anglais jusqu'en 1558, date à laquelle elle fut rendue à la France.