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Gaston III, comte
de Foix, dit Gaston Phébus, est né en 1331 dAliénor de Comminges et
de Gaston II de Foix.
Dès lâge de douze ans,
il se retrouva à la tête dun héritage tout aussi complexe que prestigieux,
le comté de Foix, quil réussit à maintenir à lécart des grands
conflits de son temps malgré les batailles auxquelles il prit part :
il combattit à plusieurs reprises le comte dArmagnac, son adversaire
héréditaire, sengagea en Prusse dans les rangs des Teutons pour
combattre les infidèles (1356) et participa à la répression contre les
"Jacques" de Paris (1358).
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Pour surveiller la route entre les deux capitales
de son domaine (Foix et Orthez), Phébus prit le contrôle d'une vingtaine
de forteresses. Il transforma de fond en comble le château de Pau et construisit
lénorme place forte de Montaner aux confins du Béarn, de lArmagnac,
de la Bigorre et de lAquitaine. En mettant la main sur une route
longeant les Pyrénées à une époque où la guerre désorganisait le commerce
le long de la Garonne, Phébus donna une occasion magnifique aux Béarnais
de se transformer en transitaires neutres. Ils transportèrent de Montpellier
jusquà Bayonne alors port anglais , des produits
de luxe italiens, catalans, et le pastel du Lauragais. Au retour, ils
ramenaient les tissus de Flandres et dAngleterre quils transportaient
également au sud des Pyrénées. Bien entendu, Phébus retirait de substantielles
taxes sur les transactions.
Concentrant entre ses mains tous les pouvoirs,
convoquant larmée, faisant battre monnaie, Phébus modernisa son
administration, rendit la justice au plus humble comme au plus puissant.
Il gouvernait avec un conseil restreint sans composition fixe, sorte de
despote éclairé avant la lettre.
Se méfiant du clergé, il ne fit aucune construction
religieuse, mais en revanche utilisa musique et chant pour propager sa
gloire, faisant dOrthez un centre musical où lart nouveau
était à lhonneur. Il rassembla de magnifiques manuscrits enluminés
et fut lui-même un écrivain de talent. Mais surtout, il sut gagner ladmiration
de Froissart qui dans ses Chroniques magnifia sa cour dOrthez
malgré le drame dont elle fut le théâtre.
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Comme le clergé et une bonne
partie de la noblesse étaient écartés du pouvoir au profit de techniciens
de petite origine, un complot fut ourdi avec le concours du roi de Navarre
désireux de se débarrasser dun voisin aussi encombrant que Phébus :
le prince héritier tenta dempoisonner son père. Démasqué et mis en
prison, il refusa de donner les noms de ses complices si bien que dans un
accès de fureur, Phébus lui porta un coup de poignard mortel en août 1380.
Sentant lEnfer souvrir sous ses pas pour avoir tué son fils,
la seule fois de sa vie où il avait perdu son sang froid, Phébus senfuit
dOrthez où il ne devait revenir que trois ans plus tard. Installé
au château de Pau, il rédigea son étonnant Livre des Oraisons, le
premier de ce genre dû à un laïc. Il sy adresse directement à Dieu
en raisonnant comme un philosophe sophiste, en argumentant en trente-sept
prières autour dun thème central : Dieu doit sauver ses créatures
car il est responsable de leurs méfaits comme de leurs bienfaits. Dans une
prière toutefois, il se laisse aller à un élan mystique.
Après un exil de trois ans, cest à
son retour à Orthez et en son château de Moncade, que Gaston Phébus commença
à dicter son fameux Livre de Chasse.
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