En littérature Petite histoire du portrait littéraire
   
Le portrait devient à la mode en littérature au XVIIe siècle, sous l'influence de la société précieuse.

On va surtout le trouver dans le roman, par exemple chez Scarron qui l'utilise dans Le roman comique, ou chez Madame de La Fayette dans La Princesse de Clèves. Molière l'exploitera aussi, par exemple dans la fameuse galerie de portraits dressée par Célimène dans Le Misanthrope.

Chez les auteurs de mémoires comme le Cardinal de Retz ou Saint-Simon, le portrait sert souvent de pause narrative, élogieux voire satirique, il sait faire valoir son auteur. Tous les moralistes que sont ces auteurs mais surtout La Bruyère ou encore La Rochefoulcaud vont le développer.

Mais c'est surtout dans les romans du XIXe siècle que le genre du portrait devient incontournable. Il va servir à définir les personnages selon trois critères fondamentaux, abondamment croisés.

Critères physiques: traits du visage, allure, pose du corps.
Critères psychologiques, moraux: sentiments, caractère, pensées des héros.
Critères sociaux: appartenance à un milieu défini, vêtements, habitat, langage, métier, fréquentations, idéologies.

Les écrivains du XIXe siècle vont même s'appliquer à observer et à examiner les caractères d'après le physique des individus d'où les nombreuses comparaisons animales qui émaillent les œuvres de Balzac ou de Zola.

En outre le portrait peut prendre des formes très différentes.

Il peut se présenter sous forme argumentative.
Il peut être positif ou négatif, faire l'éloge ou le blâme d'un personnage.
Il peut être purement narratif et renseigner simplement sur le héros.
Il peut témoigner, en donnant le point de vue en focalisation interne d'un personnage.
Il peut être purement documentaire et révéler les conditions de vie difficiles ou aisées des protagonistes.
Il peut être imaginaire et poétique, par exemple dans l'évocation d'un personnage rêvé, mort, irréel ou encore absent.
Il peut aussi être réaliste et contribuer à rendre vraisemblable un type de personnages. Enfin le portrait se doit d'être au service du langage : décrire, c'est savoir manier le détail à la nuance près, avec art.

Disons donc que le portrait a toujours un objectif et une fonction. Il est le reflet, la traduction des intentions de l'auteur ou du personnage qui l'emploient et il est indispensable pour bien comprendre le récit qui l'utilise et dans lequel il est inséré.

          
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