Se référer à des démarches d'artistes ou à des portraits connus Cette partie n’est pas rédigée sous la forme de propositions ouvrant directement à des pratiques. Une série de questions vise à faciliter l’émergence d’idées personnelles et l’élaboration d’un projet plastique.
   
La première approche pourrait ainsi être d’ordre formel et prendre pour point de départ la relation établie entre le sujet et le fond. Dans le cas du portrait, il est d’ailleurs possible de se demander si c’est un rapport de "forme" et de "fond" ?

   
- Fond neutre : que produit-il ? Est-il absence, façon de dissimuler ou de montrer ? En quoi et par rapport à quoi est-il "neutre" ? Est-il blanc, noir, gris ou...? Quel est l’implicite dans ce choix ?
   
Concevez des approches diversifiant ce qui se tient sur un tel fond : un portrait, un objet, une architecture, un paysage... Une "installation" ou une "performance" nécessitent-ils la neutralité du fond ?

   
-Fond noir : que produit-il ? Est-il ombre, pénombre, nuit (opposée à la clarté du jour et du blanc) ? Le portrait peut-il se dégager autrement que par la lumière et le contraste ?

  
- Fond coloré : Quel est l’apport de la couleur par rapport au portrait ? Est-ce pour donner un meilleur teint au visage ? Entre-t-il dans le choix de la couleur des visées psychologiques, symboliques ? Quel serait le choix coloré manifestant un "mauvais goût" dans le cas d’un portrait : d’enfant, de femme, d’homme, de personnage illustre, etc. ?

   
Jouez avec divers usages de la couleur ou d’une même couleur (par exemple le vert -fréquent dans les portraits-, le rouge et le bleu).

    
- Présence d’un espace identifiable, contextualisation : Comment modifier une signification en fonction du contexte ?

    
Prenez des éléments de "décor" (intérieur, extérieur), mais aussi fabriquez des fonds avec des éléments n’appartenant pas au registre habituel (un autre portrait peut-il par exemple composer le fond d’un portrait ?).

   
La seconde approche formelle prenant pour appui une analyse plastique des oeuvres. Dans ce cas, est-ce juste une modification d’ "aspect", un "style" donné ou le choix plastique agit-il en profondeur sur le sujet ?

   
- Explorez plusieurs approches d’un même modèle :

    
"Tramer" ou qu’est-ce qui se trame derrière un visage ? En utilisant les moyens infographiques, des modalités plus traditionnelles du dessin, de la gravure ou des collages de matière (tissu, grillage...), réalisez une trame venant se superposer, se substituer au portrait ou permettant de le donner à voir.

    
(Référents possibles : démarches de Avigdor ARIKHA, Hans BELLMER, Eugène LEROY, Lucian FREUD, Roman CIESLEWICZ...).

    
Les "traits" du visage. Utilisez ce terme dans son acception plastique afin de produire un portrait grâce à des tracés.

   
(Référents possibles : démarches de Hans BELLMER, Nadia BENOUTA, Jean-Charles BLAIS, Alberto GIACOMETTI, Richard HAMILTON, Bernard-Gabriel LAFABRIE, Paul RIVES, Jean MESSAGIER, Arnulf RAINER...).

   
"Rester dans le vague" ou "le flou". A nouveau, utilisez ces expressions afin de produire des portraits.

   
(Référents possibles : Gerhard RICHTER, Richard HAMILTON,..).

   
"Broyer du noir". A partir de marc de café, de poussière de charbon, d’encre... réalisez des portraits dans lesquels cette expression se retrouvera doublement : dans le medium utilisé et la représentation.

    
(Référents possibles : Eugène LEROY, Sonja HOPF,..).

   
Comment faire un "Portrait en pieds" ?

   
(Références possibles : David HOCKNEY, Joan LYONS, Agathe MAYS,..).

    
"Faire la tête" ou "faire un portrait" ? Quelles traductions possibles par exemple sous forme de film vidéo, de série de portraits photographiques...

   
"En avoir plein les yeux".

   
(Références possibles : Gunther GRASS,..).

   
"Avoir le visage marqué". (Références possibles : Chuck CLOSE...).

    
-Une autre possibilité offerte est d’utiliser l’accumulation :

   
- Multipliez l’unité afin de produire un tout qui serait le portrait : fruits, pétales de fleurs, cailloux, coquillages, sable... mais aussi empreintes, pixels, éléments de jeu de construction, allumettes, cotons-tige, etc...). Ces procédés rencontrent des démarches anciennes et présentes sur plusieurs continents. Nombre d’artistes contemporains en détournant de leur destination première des objets, provoquent ainsi de rencontres inattendues et initient la ressemblance humaine grâce à l’accumulation et à la composition de matériaux inanimés.

   
(Référents : Chuck Close, Arcimboldo...).

    
La mémoire et le portrait sont unis. L’écran, le flou, le filtre peuvent être utilisés de manière métaphorique afin de traduire ce rapport :

    
Introduisez des filtres et des écrans afin de laisser deviner, percer... plutôt que de montrer. Utilisez calque, voile, graisse sur l’objectif de l’appareil photo ou de la caméra... ou bien dessinez de manière fragmentaire des éléments du portrait sur des calques qui seront ensuite superposés...

    
"S’approprier" et puiser dans le champ artistique. Interrogez les notices des oeuvres évoquant la démarche des artistes, sans procéder "à la manière de...", mais en cherchant à effectuer des déplacements.

    
- "Voler les traits d’un autre", quelles significations cela a-t-il dans le cas du portrait?

    
- A partir du titre d’une oeuvre (par exemple : Autoportrait à la bouche ouverte (Avigdor ARIKHA) ou La Joconde (Léonard de Vinci)), réalisez une version personnelle. Travaille-t-on de même manière si le portrait et célèbre ou si le titre seul est connu de nous ?

    
-Toujours à partir d’un titre, inventez des situations de travail : Autoportrait aux yeux fermés,.... La Joconde après Léonard et Marcel Duchamp...

    
- Faire un Portrait plié en accordéon (Nadia Benbouta), un autre plié en éventail ou comme une enveloppe...

    
- Le peintre Jean-Charles Blais préconise de "Peindre un portrait comme un objet"... tentez l’expérience.

   
- "Echanger ses souvenirs avec un autre" (Christian Boltanski).


Constituez un fonds d’images à partir de photographies trouvées dans des journaux. Ce pourrait être l’histoire d’une personne, d’une famille... Echangez avec une autre personne qui aura également composé un recueil, cet ensemble d’images. Chacun décide alors quelle sera la destinée plastique de ce fonds : se contente-t-on de le regarder et de le conserver, le prolonge-t-on en produisant d’autres éléments, le transforme-t-on ?

     
- Figures (re)connues (Jean-Marc Cerino). Il est possible de connaître le nom d’un auteur, d’un artiste... sans connaître son visage. A partir ou non de documents, réalisez des séries de portraits d’un personnage connu afin de donner à éprouver cet intervalle éventuel.

   
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Réalisez un "portrait sonore" d’un personnage (Henri Chopin) et le peupler d’ombre.

   
Le portrait peut enfin être issu de pratiques n’ayant a priori que peu de liens avec l’art. Comment en partant de celles-ci parvenir à élaborer une démarche artistique ?

   
-A nouveau se pose la question de la différence entre "portrait" et "photo d’identité", quelles démarches plastiques peuvent être initiées à partir de là?

   
-L’usage anthropométrique de la photographie peut-il initier des démarches artistiques ? Lesquelles ?

    
(Référence faite, entre autres, à la pratique instaurée, au dix-neuvième siècle, par Alphonse Bertillon à la Préfecture de police de Paris).

   
- L’imagerie médicale donne-t-elle prise au "portrait" ?

   
- Portraits de "travailleurs" ? Questionnez les usages passés de tels portraits. (Dans quels pays, quelles sociétés ? A partir de quelle époque ?). Réalisez une série de portraits contemporains tant par les personnes et les situations que par leur traitement plastique.

    
- Autrefois, les puissants de ce monde se faisait portraiturer. Aujourd’hui, à partir de la presse populaire exposant rois et princesses, quelles nouvelles versions de leur portrait serait-ils possible de produire ? 
  
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