L'OuLiPo

L’OuLiPo, " Ouvroir de littérature potentielle ", est un groupe de recherche en littérature expérimentale fondé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais (1901-1984). Il était à l’origine une sous-commission du Collège de ‘Pataphysique et les membres fondateurs de l’OuLiPo devenaient automatiquement membres du Collège. Puis la littérature potentielle prit ses distances avec la pataphysique.
  

Au carrefour de la littérature et des mathématiques


Raymond Queneau, un jour de 1961, donna des Oulipiens la définition suivante : " des rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ".

L’OuLiPo se situe, en fait, au carrefour des préoccupations de Queneau pour le langage et pour les mathématiques, préoccupations qui aboutirent à la création des Cent mille milliards de poèmes. En composant dix sonnets dont chaque vers est écrit sur une bande de papier et en les combinant de façon méthodique, Queneau obtint 1014 poèmes, soit cent mille milliards.

Il ne s’agit donc pas de littérature aléatoire. Au contraire il s’agit d’appliquer à la littérature la rigueur et les techniques des mathématiques – notamment, dans le cas du poème mentionné ci-dessus, de l’analyse combinatoire.

L’objectif de cette recherche est d’inventer de nouvelles règles de composition poétique qui permettent d’une part de créer des œuvres nouvelles, d’autre part de dégager les potentialités d’œuvres existantes. Par " potentialités " il faut entendre les ressources cachées, les richesses secrètes qu’elle recèle et qui ne peuvent apparaître qu’en lui appliquant de nouvelles contraintes. L’un des exemples les plus connus de ces contraintes littéraires est la méthode S + 7 : en remplaçant, à l’aide d’un dictionnaire, chaque substantif (s) d’un texte par le septième qui suit, on obtient un nouveau texte.
   

Autres Oulipiens


A l’heure actuelle, l’OuLiPo poursuit ses recherches et plusieurs de ses membres jouissent d’une grande notoriété. C’est le cas de Georges Perec (1936-1982). La Vie mode d’emploi et Choses comptent parmi ses plus grands succès. Mais l’ouvrage intitulé La Disparition est celui qui résume le mieux les contraintes que s’imposent les chercheurs de l’OuLiPo : le livre entier est écrit sans que figure une seule fois la lettre e, la plus fréquente de la langue française.

Le poète Jacques Roubaud, né en 1932, est, comme François Le Lionnais, un scientifique – plus exactement un mathématicien. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que son œuvre, abondante et variée, se réfère sans cesse aux structures mathématiques. Certains textes se lisent à l’aide d’une règle du jeu, comme les 361 textes de Î qui " sont les 180 pions blancs et les 181 pions noirs d’un jeu de go ". Il est l’un des fondateurs de l’ALAMO, Atelier de Littérature Assistée par la Mathématique et les Ordinateurs.

Jacques Bens, né en 1932, fut l’un des membres fondateurs de l’OuLiPo. Auteur de romans, poèmes, pièces de théâtre, il est l’auteur notamment de 41 Sonnets irrationnels, construits autour du nombre pi.
   

Autres Ouvroirs

L’Ouvroir deLittérature Potentielle, bien que le plus célèbre de tous, n’est que l’un des ouvroirs créés dans la lignée de la pataphysique. Il existe ou a existé un OuLiPoPo (Ouvroir de littérature policière potentielle), un OuPeinPo (Ouvroir de peinture potentielle), un OuMuPo (musique potentielle), un OuTraPo (théâtre), un OuCuiPo (cuisine), un OuCiPo   (cinéma), etc. A l’intersection de tous les ouvroirs potentiels se situe un OuXPo virtuel imaginé par François Le Lionnais.