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Le Roman de Renart et ses branches

Chauve la souris et Pelé le rat, victimes de Renart
Chauve la souris et Pelé le rat, victimes de Renart

© Bibliothèque nationale de France

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Le Roman de Renart n’est pas un roman au sens moderne du terme, mais un ensemble disparate de récits appelés « branches » dès le Moyen Âge. On dénombre 25 à 27 branches de 300 à 3 000 vers, soit quelque 25 000 vers. La plus ancienne branche remonte aux années 1170, les plus récentes vers 1250, mais les branches principales sont composées entre 1174 et 1205. Dès le 13e siècle, les branches sont regroupées en recueils, sans ordre ni chronologie.

C’est un classement des branches arbitraire, qui ne correspond ni a un ordre chronologique de composition, ni a un ordre rigoureux de succession des épisodes, mais des effets d’intertextualité leur confèrent une certaine unité. Leur trait commun est de mettre en scène des animaux qui, sauf quelques exceptions tardives, éprouvent a leurs dépens la perfidie de Renart. L’élément essentiel est cependant la rivalité de Renart et d’Ysengrin, le loup.

On attribue à Pierre de Saint-Cloud le premier récit en français (appelé branche II), rédigé entre 1174 et 1177. Il ne se nomme pas, mais les auteurs anonymes des branches I et XVI parlent de lui. Ce premier récit se termine par le viol de la louve par Renart. Il remporte un vif succès auprès de toutes les classes sociales. Un autre auteur à l’idée de décrire le procès de Renart devant la cour de Noble (branche I) : ce récit, fertile en rebondissements, servira de point d’ancrage aux principaux épisodes, Renart multipliant les méfaits mais échappant toujours au châtiment suprême.

Renart en train d’enjôler Chantecler le coq
Renart en train d’enjôler Chantecler le coq |

Bibliothèque nationale de France

Renart emporte Chantecler dans sa gueule
Renart emporte Chantecler dans sa gueule |

Bibliothèque nationale de France

Participant de la veine parodique et satirique, cette épopée héroï-comique offre un reflet des institutions et du fonctionnement de la société féodale des 12e et 13e siècles. Elle décrit un monde hiérarchisé où règne la violence, où il faut sans cesse se battre pour manger et survivre. Elle ne ménage pas les représentants de l’Église. Si quelques vilains apparaissent, la bourgeoisie est à peu près absente et aucun épisode ne se situe dans un milieu urbain.

Des continuateurs

Portrait d’un clerc auteur
Portrait d’un clerc auteur |

© Bibliothèque nationale de France

À la fin du 13e siècle, Jacquemart Gielée reprend les mêmes personnages pour écrire une oeuvre d’édification morale à la forme allégorique et symbolique où Renart devient l’incarnation du Mal, maître du monde (Renart le Nouvel, 1288). Plus clairement polémiques et dirigées contre les Ordres Mendiants, deux autres oeuvres du 13e siècle utilisent la forme du Roman de Renart : Renart le Bestourné de Rutebeuf (vers 1261) et le Couronnement de Renart.

Au 14e siècle, enfin, un clerc de Troyes donne une derrière version de Renart : son but est de prendre le masque de Renart pour critiquer la société. Son Renart le Contrefait passe en revue tous les états et accorde une place de choix à la bourgeoisie.

Provenance

Cet article provient du site Roman de Renart (2005).

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