Composition en forme de frontispice, intitulée le tombeau d'un Sarrasin.
Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 19093, fol 11
© Bibliothèque nationale de France
De tel maniere fut li sepouture d'un sarrazin, que jo vi une fois.
"Ainsi était faite la sépulture d'un Sarrasin que je vis une fois. "
Cette page a particulièrement intrigué les commentateurs, car cette composition ressemble fort peu aux diptyques gallo-romains, qu'évoquent Lassus et Hahnloser en interprétant le mot "Sarrasin" comme désignant un païen, donc un Romain.
Ce dessin rappelle un peu ces frontispices d'ouvrages du XVIe et du XVIIe siècles consacrés à l'architecture, et comportant des objets symboliques, mais aussi certaines compositions dans des ouvrages médiévaux. On en a un exemple sur une gravure sur bois d'un ouvrage de l'éditeur Jean du Pré, datant de 1493, "Les Vigilles de la mort du feu roy Charles VII".
Roland Bechmann, ayant relevé dans le manuscrit des représentations précises de rituels encore en usage chez les compagnons au XIXe siècle, s'est demandé si ce dessin n'avait pas un sens ésotérique qui en apporterait l'explication. Un compagnon du Devoir de Liberté conforta cette hypothèse. En effet, chez ces compagnons, le terme "Sarrasin" désigne Hiram, architecte étranger appelé par le roi Salomon pour la construction du Temple de Jérusalem. Un autre indice, qui dénote la discrétion, ou peut-être l'humour de Villard, est d'indiquer qu'il ne vit cette composition qu'une fois. Or c'est effectivement une seule fois - lors de son initiation - que le compagnon prend connaissance de tous ces symboles.
Ainsi, si cette composition évoque une sépulture, ce serait vraisemblablement celle de Hiram et ce dessin indiquerait que Villard pratiquait déjà des traditions qui se sont poursuivies jusqu'à nos jours, dans le compagnonnage et dans la franc-maçonnerie.
 
 

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