L'intérieur de la cathédrale de Rouen
 
arc

archivolte
 

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Ici la demi-teinte fait place à des flots de lumière, la hauteur prédomine franchement sur les autres dimensions ; l'art gothique s'épanouit radieux au sortir de la chrysalide romane. L'ordonnance de cette salle est remarquable. Huit groupes de colonnes engagées dans les angles et sur le milieu des faces se dressent jusqu'à mi-hauteur, pour recevoir la retombée de la voûte. Ses huit branches d'ogive, à triple tore, aboutissent à une clef percée d'un œil minuscule, et sertie par une gorge où s'épanouissent des boutons. Chaque colonne principale est accompagnée de deux colonnettes qui donnent naissance, de part et d'autre, aux arcs formerets. Un banc continu pourtourne la salle et sert d'assiette aux supports, dont les bases s'étalent avec grâce sur des plinthes carrées, rehaussées de griffes élégantes. Les murailles sont percées de deux portes et de deux étages de fenêtres. Une porte dessert l'escalier ; l'autre, ouverte vers le sud, semble prouver que la tour Saint-Romain n'a jamais été complètement isolée, et que, dès l'origine, elle était en communication avec la cathédrale. La décoration des baies et des chapiteaux est superbe.
Comment rendre sensible par des mots la suprême beauté de l'ornementation ? Ici triomphe la feuille d'acanthe ; elle domine partout, dans les cordons, dans les bandeaux d'archivolte, sur la corbeille des chapiteaux. Elle se montre sous forme de fines palmettes refouillées, parfois alternées sur deux rangs, et ornées de points en creux et de perles.
"Coup d'œil sur la cathédrale de Rouen aux XIe, XIIe et XIIIe siècles", par le docteur Coutan.
Bulletin monumental de la Société française d'archéologie pour la conservation et la description des monuments historiques, 1896, 1 fasc. Sér. 7. T. 1 Vol. 61, p. 67.

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