L'Europe commence comme je l'ai dit du côté
des contrées du nord, au fleuve Tanaïs, là où
les monts Riphées, sur leur versant opposé à l'océan
sarmatique, donnent naissance à ce fleuve, lequel, dépassant
les autels et les bornes d'Alexandre le Grand situées dans le territoire
des Rhobasques, vient alimenter les Marais méotides, dont l'immense
épanchement pénètre largement le Pont-Euxin à
côté de la ville de Théodosie. De là se projettent,
à côté de Constantinople, de longs détroits
que reçoit finalement cette mer que nous appelons nôtre.
Le terme de l'Europe est l'Océan occidental, en Espagne plus spécialement
là où, auprès des îles de Gadès, on
peut visiter les Colonnes d'Hercule, et où le flux de l'Océan
s'introduit dans l'embouchure de la mer Tyrrhénienne.
On peut suivre la description d'Orose point par point sur la mappemonde.
Sous le septentrion, le fleuve Tanaïs – du nom d'un roi scythe –
prend naissance dans les monts Riphées qui "par son cours sépare
l'Europe de l'Asie et partage les deux parties du monde". Il coule parallèlement
aux autels dressés par Alexandre. Surmontés de flammes,
ceux-ci rappellent le phare d'Alexandrie. Ils servent également
de pendants septentrionaux aux Colonnes d'Hercule qui marquent à
l'occident la fin du monde habitable et aux autres colonnes fichées
par Alexandre, au sud parfois et surtout à l'orient.
Au-dessous s'étale une longue légende destinée à
expliquer le nom à l'origine de l'histoire de l'Europe :
Europe était la fille d'Agenor, roi de
Libye. Enlevée par Jupiter, elle fut transportée en Crète
et donna son nom à la troisième partie de la terre. Ce même
Agenor était le fils de Libye, de laquelle l'Afrique, dit-on, reçut
son nom. D'où il semble que la Libye aurait été nommée
avant l'Europe.
Japhet, Alexandre, Europe. autant de mythes fondateurs qui se chevauchent,
se mêlent et tissent la trame serrée de l'histoire du monde.
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