Les voies du salut

Au seuil de l'occident, le pèlerin, ce voyageur qu'est l'homme sur la terre, arrive au terme de son voyage terrestre qui touche à la fin du monde. Soudain le ciel s'entrouvre. Mais avant que ne jaillisse la lumière de l'Agneau, il convient à chacun de faire pénitence, de détruire en lui les germes de la corruption, de se dépouiller pour entrer dans la procession des nations car "rien de souillé n'y entrera. Ni ceux de l'abomination, ni ceux du mensonge, mais seulement ceux-là qui sont inscrits dans le livre de vie que possède l'agneau". (Ap. XXI, 27).
   

 

Les degrés de la perfection


D'historique et eschatologique, la mappemonde se fait morale. Dans l'attente de l'événement, elle indique aux nations en marche la route à suivre, la voie étroite du chemin de la perfection. Véritable généalogie des fils issus de la race d'Adam, la mappemonde leur propose, dans l'attente de l'aube du septième jour qui ne saurait désormais tarder, les voies qui mènent au salut.
Déployée devant tous, offerte aux regards, elle se révèle le point de départ vers la contemplation. Elle permet, à qui la regarde, de franchir progressivement les degrés permettant de s'élever jusqu'à la perfection :

Dans ces cinq degrés, le premier, c'est-à-dire la lecture, est pour les commençants. Le plus élevé, c'est-à-dire la contemplation, pour les parfaits. Quant aux degrés intermédiaires, plus on en aura gravi, plus on sera parfait. Par exemple : le premier, la lecture, donne l'intelligence ; le second, la méditation, fournit le jugement ; le troisième, la prière, demande, le quatrième, l'ouvrage, cherche ; le cinquième, la contemplation, trouve. [...] Notre dessein doit être toujours de monter. Mais l'instabilité de notre existence est telle que nous ne pouvons rester au même point. Aussi sommes-nous contraints, bien souvent, de nous retourner vers le passé et, pour ne pas perdre la place que nous occupons, de revenir là où nous sommes déjà passés.

Hugues de Saint-Victor, V, 9

La mappemonde est là pour guider les voyageurs vers une contemplation plus haute.